Tunisie : Ennahdha fidèle à nos traditions médiatiques ?

 

Voudrait-on faire appel aux «compétences» des nouveaux promus, pour verrouiller un paysage qui tendait pourtant vers une éclaircie ? Les mauvaises langues diront qu’après tout, «la liberté de la presse et de la pensée ne font pas partie de nos traditions».

Les nominations d’anciennes figures des médias de Ben Ali a soulevé une vague de mécontentement sans précédent dans le secteur de l’information. Une manifestation de protestation a eu lieu à la place de la kasbah, le lundi 9 janvier. Le Syndicat national des Journalistes Tunisiens même menacé de grève général, si le gouvernement n’effectuait pas de marche arrière. Les nouvelles nominations annoncées le samedi 7 janvier n’ont donc pas fini de susciter des réactions. Le manque de concertation du gouvernement de Jebali avec les représentants des médias est ainsi cloué au pilori. C’est dire que l’actualité de notre presse nationale est pour le moins brûlante.

hammadi-JebaliHamadi Jebali, était déjà brocardé dans les médias pour ses déclarations califales, puis pour avoir remis en cause le traitement de l’information des journaux considérés comme peu amènes à l’égard d’Ennahdha. Le premier ministre risque désormais de devoir faire face à une campagne encore plus féroce. En d’autres termes, en se mettant à dos les représentants de toute une profession a priori influente, il a marqué contre son propre camp.

Si Ennadha a pu être soutenue par les couches conservatrices de la société tunisienne, quand elle s’est attaquée à Nessma TV, elle devient dans ce cas difficilement défendable même par bon nombre de ses supporters. Et pour cause : Il est difficile de justifier, dans la Tunisie d’après la Révolution, le recyclage flagrant de certains ténors du benalisme. En somme, non seulement, les rescapés du benalisme n’ont pas à s’excuser et encore moins à rendre compte de leurs dépassements du passé, mais voici que le nouveau gouvernement, dont les martyrs et les sacrifices des fils de la Nation ont permis l’élection, entend les récompenser.

Autant dire que ces nominations sont donc difficilement explicables. A moins qu’il ne s’agisse de faire appel à leurs «compétences», pour verrouiller un paysage qui tendait pourtant vers une éclaircie. Les mauvaises langues diront qu’après tout, «la liberté de la presse et de la pensée ne font pas partie de nos traditions». Et puisqu’il s’agit de se réconcilier et de renouer avec nos valeurs ancestrales, rien ne vaut un bon blackout médiatique !

 

MK

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