Quick Tunisie et consorts, arnaque ou activité légale ?

 

Gagnant sa notoriété grâce au web, le network marketing ou le multilevel marketing attire, de plus en plus d’adeptes en Tunisie, surtout parmi les étudiants et les chômeurs. Quick Tunisie est l’une des sociétés les plus en vue dans ce secteur. Arnaque ou pas? La Direction de la concurrence ne sait même de quoi il s’agit.

quick-tunisieSi vous furetez sur le net à l’affût d’un travail ou d’une super occasion, vous aurez sans doute remarqué depuis quelques mois des annonces du type : “société de network marketing, Quick Tunisie, travail à domicile, gagnez jusqu’à 1000 DT par semaine…”.

Ou même, si vous êtes socialement très entouré, une de vos connaissances vous aura proposé “un plan en or”. De quoi s’agit-il ? Pour résumer, le principe de l’activité de Quick-tunisie (au même titre que Qnet ou Panorama 2000) est simple : il est basé sur le parrainage. Vous payez votre inscription (ici 20DT et 100DT dans votre compte). Par la suite, chaque fois que 2 personnes, formant un équilibre entre vos branches gauche et droite, s’inscrivent dans votre arbre, vous touchez 50DT versés dans votre compte. A partir de 350 DT cumulés sur votre compte, vous pouvez effectuer votre premier achat dans une large gamme de produits présentés sur le site (informatique, téléphones, sorties, cosmétiques, maison, etc.). Ensuite, vous êtes libre de réitérer d’autres achats ou de toucher votre argent en cash.

L’Etat se perd en conjecture

Récemment introduite en Tunisie, cette démarche agite toujours les suspicions de ses potentiels adeptes. Contactée par nos soins, la Direction Générale des Etudes Economiques et de la Concurrence au Ministère du Commerce ne sait même pas de quoi il s’agit. Lancée depuis septembre 2011, la société Quick tunisie voit son réseau s’étendre en moyenne de 4500 nouveaux adhérents par semaine, et comptabilise plus de 40000 inscrits actuellement. L’initiateur de ce projet Atef Kacem, trentenaire titulaire d’une maitrise en informatique appliquée à la gestion, explique : «L’idée de la société m’est venue depuis mes études. En effet, c’est la création de «souk» en ligne (achat et location de tout type de produits) qui me motivait. Mais j’ai mis ce projet en stand-by à cause de plusieurs problèmes tels que la mentalité tunisienne concernant le E-commerce (achat virtuel, paiement) et surtout l’idée d’utiliser internet comme moyen de revenu».

Tout le monde s’en mêle

La croissance rapide de sa jeune société doit le rassurer. Salariés (du banquier à l’ouvrier, en passant par le professeur), professions libérales (comptable, médecin…), étudiants et surtout chômeurs se pressent de s’inscrire pour se remplir les poches. Zied est l’un des adeptes de cette démarche. Il raconte à l’un de ses amis: «Je t’assure, ce n’est pas compliqué ! Il faut bien réfléchir à qui tu places sous toi, et après, il faut te motiver à trouver de nouvelles personnes pour être sûr d’avoir l’équilibre [autant d’inscrits au même niveau, sous la personne de droite que sous la personne de gauche], et tu peux vraiment gagner de l’argent. Celui qui est “2 étages” au-dessus de moi s’est fait 1000 dinars par semaine dès sa deuxième semaine». La personne contactée n’en démord pas (sans jeu de mots) : Quick Tunisie fait de la vente en s’appuyant sur un système de Multi Level Marketing, également appelé marketing de réseau ou marketing relationnel. Rien à voir avec les systèmes de vente pyramidale qui sont condamnés par la loi dans de nombreux pays.

Entre vente pyramidale et network marketing

Grosso modo, le marketing relationnel désigne une «structure du réseau de vente dans laquelle les revendeurs peuvent parrainer de nouveaux vendeurs, et être alors en partie rémunérés par une commission sur les ventes des recrues». Quant au à la vente pyramidale qui se cache souvent sous l’appellation, respectable, précédente, est définie, par Wikipedia (sic!), comme une «forme d’escroquerie dans laquelle le profit ne provient pas vraiment d’une activité de vente comme annoncé, mais surtout du recrutement de nouveaux membres». L’escroquerie se révèle, tôt ou tard, lorsque le système ne parvient plus à recruter assez de nouveaux et ne peut plus rapporter à chaque participant plus que ce qu’il a mis au départ.

Face à ces définitions, deux arguments sont mis en avant par Quick Tunisie, qui propose, d’ailleurs, des formations gratuites aux personnes intéressées. Le système de vente est indirect. Le vendeur (ou l’adhérent) met en contact le nouveau, avec la société, et celle-ci prend en charge tout le processus de la vente (d’ailleurs, 15% de retenue à la source sont prélevés à chaque virement du compte Quick au compte réel du client). En plus, un élément du système peut, en théorie mais aussi en pratique, percevoir plus d’argent que son parrain. Le second argument est que le système ne s’arrêtera pas, car il peut s’étendre à d’autres pays voisins. Déjà actuellement, certains inscrits se créent plusieurs comptes afin de multiplier leurs bénéfices.

Il est grand temps que la règlementation en vigueur finisse par se mettre à jour avec les nouveaux procédés introduits au marché tunisien. Le chômage, le désespoir et la pauvreté créent un terrain fertile pour les escroqueries. Face à un certain vide juridique, des milliers de jeunes à la recherche du pain quotidien se retrouvent sans repères.

 

Léna C.

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