Tunisie : Une soirée avec Armada Bizerta à Regueb

 

La seconde édition du festival de la révolution s’est ouverte à Regueb le vendredi 23 mars. A l’honneur : le théâtre, le concert du groupe Armada Bizerte et une projection de courts-métrages sur la révolution pour la première journée du festival.

armadabizerta-240312« Nous sommes un peu déçus par l’édition » déclare Malek,un des membres du groupe Armada Bizerte venu fêter la révolution pour la seconde fois dans la ville de Regueb. «L’année dernière, il y avait l’émotion, les révoltes, là on voit juste que rien n’a changé. Heureusement, le public est encore au rendez-vous », même si le leader du groupe, Ahmed, espérait plus de monde. Cette année, en effet, il n’y a pas eu de subventions de la part du Ministère de la Culture qui a refusé une aide matérielle et financière,et cemalgré le succès de l’édition précédente. Ce sont finalement les jeunes de la ville qui ont monté le projet. L’organisateur de l’évènement AbidiJaleleddinne et des citoyens de Regueb ont mis en place le festival en quelques jours,sans aides associatives et avec peu de matériel. Le groupe Armada Bizerta ne s’est pas découragé, les membres sont venus et ont chanté les chansons de leur répertoire dont une exclusive «Ija Chouf» (viens voir, en français) consacrée à l’état actuel du pays. Malgré la douzaine de rappeurs en prison, le groupe n’a pas hésité à s’exprimer librement et le gouvernement en prend pour son grade. «Pour moi c’est injuste que certains rappeurs soient mis en prison pour un joint, surtout que deux d’entre eux devaient chanter lors d’un concert pour la liberté d’expression. » déclare Malek. «Les gouvernants ont soi-disant dits qu’ils aimaient le rap, on va essayer d’utiliser ça en notre faveur» conclue-t-il en riant.

Vendredi soir à Regueb, la foule était là pour entendre le groupe qui s’est affirmé après la révolution avec notamment un son hip-hop contestataire comme l’illustre le morceau «Sound of da Police». Malgré la déception face à une édition moins enjouée que la précédente, le groupe tient à rester pour les trois jours du Festival. Il s’est joint au public pour regarder les courts-métrages consacrés à Regueb et à la révolution dans le théâtre en plein air de la ville.

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theatre-regueb-240312Pour la soirée théâtrale, le succès était au rendez-vous pour la pièce Protest d’Abdelfattah Alkamil. La standing ovation qui a suivi la pièce consacrée à des scènes du quotidien post-révolution, a montré l’engouement pour le théâtre encore peu développé à Regueb. Pour le metteur en scène, la question posée par la pièce était avant tout celle de l’identité du théâtre après la révolution, «Est-il possible pour le théâtre tunisien de se renouveler en traitant des thèmes révolutionnaires ? ». Pour un des acteurs, la pièce s’interroge avant tout sur la réaction du peuple après le 14 janvier, «Le théâtre est encore un laboratoire de la révolution pour beaucoup ». La soirée s’est clôturée sur une série de court-métrages projetée dans le théâtre en plein air. La révolution était au centre des thèmes, avec des documentaires et des films expérimentaux. Les documentaires «La révolution dans les yeux des enfants» et «Regueb, terre de liberté» filmés l’an dernier ont été projetés pour la première fois devant la population de Regueb. Les films sont réalisés par les étudiants de l’ISAMM (Institut supérieur des Arts et Multimédias de la Manouba).

 

Lilia Blaise

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