Medinapart : la Tunisie, une destination « journalistique »

 

Pour leur première expérience journalistique à l’étranger, 46 jeunes étudiants du Centre de Formation des Journalistes de Paris ont parcouru la Tunisie, du 5 au 15 mars afin d’explorer les facettes d’un pays en mutation.

medinapart-060412-140Tous les ans, les étudiants de première année du Centre de formation des journalistes de Paris, partent dans un pays étranger couvrir son actualité. Cette année, le choix s’est porté sur la Tunisie. Au lendemain d’une révolution qui a déclenché ce que les médias ont qualifié de «printemps arabe», la destination Tunisie paraît évidente. Leur journal en ligne sera intitulé Medinapart. Mais contrairement à ce que l’on pourrait croire, il n’y a aucun lien avec le journal Mediapart, si ce n’est un bel hommage à son fondateur, Edwy Plenel.

Débarqués dans ce petit pays, réputé pour son calme jusqu’il y ‘a 15 mois, les étudiants découvrent, avec plein d’enthousiasme, la Tunisie de l’après Ben Ali. Mais à peine arrivés, durant la première quinzaine de mars, ils se heurtent aux manifestations des salafistes et au marché des prédicateurs. «Islamic Show à la sauce capitaliste» écrit le jeune Julien de Saint Phalle après avoir assisté à la conférence de l’égyptien Amr Khaled le 11 mars au Palais de sports de Tunis. Les jeunes étudiants constatent que le romantisme révolutionnaire n’est plus d’actualité, et que Tunisie n’a pas pansé ses douleurs à l’image des blessés de la révolution, toujours oubliés. Medinapart décrit d’ailleurs le calvaire de Jihed, un grand blessé de la révolution, qui comme beaucoup d’autres blessés n’a pas eu les soins ni l’attention nécessaires.

Pendant dix jours, les étudiants du CFJ font le tour du pays, pas seulement pour le découvrir pour aussi pour enquêter. Un reportage sur le site archéologique Acholla, à quelques kilomètres de Sfax. A sa découverte en 1948, « il a était considéré par les mosaïstes comme le plus riche site archéologique d’Afrique » relève-t-on. Aujourd’hui, il est délaissé. «L’un des plus beaux sites archéologiques d’Afrique, l’une des six grandes villes de la Méditerranée antique, est aujourd’hui une zone en friche où paissent les moutons et rouillent de vieux bidons d’essence. » écrit Charles-Henry Groult, le jeune étudiant-journaliste. D’autres villes et d’autres reportages s’enchaînent.A Kasserine, où le seul employeur, l’usine de cellulose empoisonne la région. A Béjà, où les dernières intempéries ont dévasté la région, dépérit les bétails et sinistré les paysans. A Gafsa, où on déclare que rien n’a changé depuis le 14 janvier 2011, où la région au bord de l’explosion. A Tunis, où un mouvement pour la légalisation du Canabis tente de se faire entendre…

Le choix des reportages et thèmes à traiter était libre. «C’est la curiosité et l’impartialité dans l’approche qui a fait qu’ils ont sorti ces sujets.» assure Thierry Bresillon, correspondant de Rue 89 en Tunisie, et formateur au CFJ. «Ils ont vécu quelque chose de fort. C’est une génération qui a n’a pas été élevée dans les préjugés.» déclare-t-il, fier de ses étudiants.

Medinapart, un journal d’étudiants, véritable panorama de La Tunisie, pourrait servir de «manuel pédagogique» selon Thierry Bresillon qui conclut de cette expérience une belle définition du journalisme : «Il ne suffit pas de savoir écrire pour un être un bon journaliste. Il y a une exigence l’information.»

 

S.B.H

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