Tunisie : Quand le FEST flirte avec le clubbing

 

Pour sa dernière édition, le FEST a quitté les murs de l’Acropolium de Carthage, où il loge depuis 2007, pour s’installer en plein air au Select Beach à Gammarth. Nouvelle ambiance pour un nouveau lieu. Que pensent les habitués du FEST de ce changement ? Reportage.

La foule dansante se laisse guider par les détonantes basses et se livre à la transe imposées par les beats lourds. Pieds nus et verres en main, on est bien loin de la révérence de l’Acropolium. C’est sur une plage de la banlieue nord de la capitale que les aficionados tunisiens de la musique électronique se sont réunis, samedi et dimanche derniers. Contrairement à l’accoutumé, leur messe ne s’est pas tenue dans la cathédrale Saint-Louis.

«Je préfère de loin l’Acropolium. Aujourd’hui, le FEST au Select se rapproche d’un concept hype ce qui lui fait perdre son originalité» estime Borhene Eddine Fakhfakh, 29 ans, concepteur-rédacteur de pub. Et il martèle : «Je trouve que le FEST se rapproche, petit à petit, d’un concept commercial beaucoup plus que culturel». De son côté, Yassine Meddeb Hamrouni, 25 ans, photographe, voit les choses autrement.

FEST-2012

«Le fait que le FEST se tienne ici lui a permis d’acquérir un nouveau public» affirme-t-il en ajoutant : «Faire danser des clients de ce club branché de la scène techno/house tunisoise sur des sons de grosses pointures comme The Black Dog, Subjex ou The Suicide Of Western Culture reste un grand challenge. Je pense que le FEST a relevé ce défi avec une programmation pointue et enrichissante». Du Royaume Uni au Liban en passant par l’Italie et l’Allemagne, une remarquable palette d’artistes de la scène electro internationale ont défilé, samedi et dimanche derniers, sur la scène du FEST.

«L’événement a légèrement perdu son côté festival dans ce décor de beach club coutumier des standards de musique commerciale de grande consommation» regrette Yassine. Idem pour Nidhal Chemengui, 25 ans, animatrice tv qui dit ne pas avoir trouvé «le même état d’esprit». Toutefois, la jeune femme a apprécié «le fait que ce soit à ciel ouvert… le côté soirée entre amis au bord de la plage». Et elle n’est pas la seule.

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«L’Acropolium est un endroit isolé. Il n’y avait que des festivaliers contrairement cette édition» relève Anis Guiga, 28 ans, directeur d’une boite de production audiovisuelle. Il poursuit : «L’avantage à Gammarth c’est la plage, c’est agréable en plein été de se baigner l’après midi et passer directement au FEST». Même si les opinions divergent en ce qui concerne le changement du lieu hôte du FEST, les habitués de cet événement ont, à l’unanimité, exprimé leur appréciation de la programmation

Nolens volens, les instigateurs de cette manifestation culturelle ont toujours insisté sur leur volonté d’en faire un événement accessible à tous. D’ailleurs, lors d’une conférence de presse tenue en mai 2010, Afif Riahi, organisateur du FEST, répétait à qui veut l’entendre : «Notre objectif est de sortir de l’underground ! ».

Thameur Mekki

Photos : Yassine Meddeb Hamrouni

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