Tunisie : «Madhlouma ya donia», quand le rap actualise le mezoued

 

Rap et mezoued fusionnent. C’est que ces deux genres musicaux d’expression populaire s’assemblent bien. Un zeste de reggae bénit leur union avec un subtil rif chaloupé. Makrem alias Mr Mak est de retour avec «Madhlouma ya donia».

Makrem-T-Men-310712Issu de T-Men, un des groupes pionniers de la scène hip hop tunisienne, le rappeur qui s’est fait connaître vers la fin des années 90 a pour l’occasion remis au goût du jour un cultissime morceau de mezoued. Tourné en clip, ce morceau, composé par Mohamed Gritli, a été posté sur Youtube en juillet 2012. «Madhlouma ya donia» est un remake de l’éponyme célèbre chanson de mezoued.

Les lyrics prônent un message empreint de dénonciations et de sagesse qui peut se traduire comme suit : nous ne sommes pas des victimes innocentes que le monde a corrompues ; nous sommes nous-mêmes coupables de cette corruption. Nous en sommes les artisans ; nous sommes donc responsables de son état actuel et de notre propre état.

{youtube}G_Fu4CEZSDc{/youtube}

Le clip s’ouvre sur une succession de scratchs. La poésie urbaine de Makrem T-Men s’immisce harmonieusement dans les notes du clavier synthétiseur dont le son nous renvoie à la version originale. Le flow lent se veut incisif à la fin de chaque couplet souvent marquée par un roulement de batterie. Ainsi, le refrain s’annonce plus mélodique. Place à la voix d’Abderrazek El Kliou. Le chanteur de mezoued y reprend les paroles de la version originale, tout en y apportant une teinte nouvelle.

Réalisé par Mohamed Mathlouthi, le clip respecte les canons typiques de l’univers audiovisuel des vidéos du hip hop underground. Il est intégralement filmé dans un décor urbain sobre. Se voulant réaliste, cette vidéo est tournée entre les ruelles de la médina et un dépôt de containers en plein air. Un clin d’œil à des classiques du cinéma international est fait à travers la course effrénée d’un jeune homme dans les artères des vieux quartiers tunisois. Une sorte de référence aux questions existentielles évoquées dans les paroles de «Madhlouma ya donia».

Après les collaborations entre Balti et Samir Loussif, voilà que Mr Mak et Abderrazek El Kliou empruntent le même chemin. S’agit-il du lancement d’une nouvelle vague de collaboration entre des artistes issus de ces deux registres musicaux ?

Khalil Hajeri

A lire :

Tunisie : Mezoued… «Nous ne sommes pas une minorité»

Tunisie : Mezoued… «Nous ne sommes pas une minorité» 

Print Friendly, PDF & Email

Plus :  Musik   TopNews



  • Envoyer