Tunisie : Les damnés de Carthage, la municipalité et l’Etat

Des Facebookeurs sont scandalisés par une pancarte signée par la Municipalité de Carthage. Et pour cause, le texte affiché est une succession de damnations. Vraie ou fausse ? Quel est la position de la Municipalité de Carthage ?  Et qu’a-t-elle fait ? Réponses.

affiche-654564-art«Que chacun qui mettrait ces ordures ici soit maudit, lui et ses parents, par Dieu jusqu’au jour du jugement dernier…», ce n’est que le début d’une pancarte accrochée à un poteau. La suite est une succession d’injures pour les «damnés» verseurs d’ordures. Rien de choquant pour les habitués des cités tunisiennes submergées par les déchets ménagers. Ce genre de pancartes et d’écritures murales devient de plus en plus fréquent. Sauf que, cette fois-ci, l’affiche est signée par la Municipalité de Carthage.

De quoi scandaliser plusieurs citoyens. Leurs réactions fusent sur les pages des réseaux sociaux. «Regardez à quel point s’est dégradé le service public ?», commentent les uns. Tandis que d’autres, et faute de vérifier le panneau sur place, la disculpe en pointant du doigt le Photoshop devenu pratique courante sur la toile. La Municipalité de Carthage n’est pas «devenue nahdhaouie» comme le prétend la page Facebook ayant posté la photo de cette affiche. Le maire, en poste depuis le 21 juin 2011, est M. Ezzeddine Beschaouch, archéologue et ministre de la culture du deuxième gouvernement de transition.

Cette pancarte existe bien à l’avenue 14 janvier, située à La Yasmina, un des quartiers relevant de la municipalité de Carthage. Pas de Photoshop. Tekiano a demandé des explications à M. Abdelatif El Ouerzli, sous directeur administratif de la Municipalité de Carthage. «Ça doit être un citoyen qui en a eu marre de trouver des ordures dans son quartier, et a donc décidé d’accrocher ce panneau. Aussitôt découvert,  nous avons envoyé quelqu’un pour l’enlever» nous affirme-t-il, mercredi matin. Et il semble bien que les employés de la municipalité en sont bel et bien conscients. «Un service de l’Etat ne se serait jamais permis d’écrire des injures pour sensibiliser les citoyens à la propreté de leurs quartier» nous lance un agent rencontré à la mairie de Carthage. Même les employés de la municipalité de Carthage ont découvert ce panneau sur Facebook !

Un détour devant l’endroit en question, mercredi, le panneau existe toujours. Seule la mention «municipalité de Carthage» a été cachée avec de la peinture blanche. Une fausse signature, celle d’une institution de l’Etat, est donc toléré. L’incitation à la haine et les menaces publiques le sont aussi. Vous avez dit Etat de Droit ?

S.B.H

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