Exposition “L’Aboyeur du Bardo” de Faten Rouissi jusqu’au 12 avril 2018 au Musée du Bardo (photos)

Une mise à nu de la réalité dans la Tunisie post-révolutionnaire, cette jeune démocratie où l’on est confronté au désordre total, est l’idée originale de “L’Aboyeur du Bardo”, une exposition d’art contemporain visible, du 11 mars jusqu’au 12 avril 2018, sur différents espaces et salles du Musée National du Bardo.

L’exposition qui est l’œuvre de la plasticienne Faten Rouissi propose un “Aboyeur” en quête d’une véritable communication à travers un concept artistique novateur qui offre une nouvelle lecture de l’actualité et de la réalité, plaçant le visiteur au cœur des préoccupations de son époque.

Dans toutes les œuvres exposées, la muselière constitue l’élément phare de cette métaphore d’un monde hybride, à forte symbolique, à la fois artistique et intellectuelle sur un état d’esprit et un cadre social pour montrer et en même temps essayer de freiner le flot devenu gênant de la prise de parole.

Au milieu de la foule des touristes et écoliers débarqués dimanche dès 10 h au musée du Bardo, l’agence TAP a eu droit, au premier jour de l’ouverture de l’exposition au grand public, à une visite en compagnie de Faten Rouissi sur l’itinéraire choisi par l’artiste-elle-même pour le placement de ses œuvres.

Au hall du Musée où trône la fameuse grande mosaïque romaine, le visiteur se trouve devant “L’aboyeur Géant”, une sculpture blanche monumentale, de cinq mètres de hauteur, représentant un homme cravaté sans visage, la face cachée sous une muselière. Il renvoie à cette idée qu’a l’artiste d’un aboyeur au pluriel et à cette puissance qu’ont les médias dans les démocraties.

Partant de la Driba, allée principale menant à l’enceinte du Palais Beylical, sont successivement placées, le long des arcades, les premières composantes qui forment l’exposition ; de “l’aboyeur Principal” jusqu’à une série d’aboyeurs; le nourrisson, le junior, le chic, le fauviste, le caméléon, le soleil…Tant d’appellations dont l’une des plus représentatives est celle de la Muselière à la feuille d’or d’une artiste qui en jouant sur l’art de casser les codes, cherche “à donner une plus value et un usage autre que celui pour lequel elle était faite”.

Elle poursuit dans le même cheminement mais avec une sorte de dualité au sein des œuvres sur un Aboyeur personnalisé et qui est tantôt masculin tantôt féminin. Plaçant la Joconde (Mona Lisa) chef d’oeuvre de Léonard de Vinci au cœur de l’actualité, l’artiste propose sa propre copie de “Lisa l’Aboyeuse” à la salle de Constantin, ou encore d’autres formes d’Aboyeurs comme l’Aboyeur fêtard à la salle de Carthage, l’aboyeur Mosaïque à la salle de Dogga et l’Aboyeur Mobile à la salle des mosaïques marines.

L’aventure de l’Aboyeur prend fin au musée du Bardo par une rencontre intemporelle entre “Virgile et l’Aboyeur”, dressant le portrait d’un Aboyeur offrant à Virgile la Médaille du Mérite Culturel, animé par cette volonté de s’inspirer du génie et de la sagesse de Virgile, grand poète de l’antiquité romaine.

La peinture trouve toute sa splendeur à travers la reprise du thème initial de l’exposition sous la forme d’œuvres lumineuses et installations éphémères en sons et lumières adaptés à l’esprit des lieux, créant un dialogue entre art contemporain et pièces maîtresses, legs de civilisations lointaines. La créativité chez cette artiste tourne autour de la critique, l’ironie et un travail de réflexion en faisant usage de médiums comme la peinture, la sculpture, le textile, l’installation et la vidéo.

Dans cette seconde exposition, “L’Aboyeur” de Faten Rouissi présenté auparavant à l’amphithéâtre antique d’El Jem,-au cours de la saison estivale 2017-, se métamorphose en “L’aboyeur du Bardo”. L’artiste dit vouloir aussi faire le point sur les idées obscurantistes qui avaient mené à l’attentat tragique qu’à connu le musée en 2015. La tenue de l’exposition coïncide avec la commémoration prochaine de l’attentat du 18 mars et l’hommage qui sera rendu, comme à chaque année, aux victimes qui y ont perdu la vie.

L’exposition dont la scénographie est réalisée par l’artiste elle-même, est l’aboutissement d’une réflexion mûrie de l’artiste affolée par le chaos et la dissonance de voix qui se lèvent de partout, créant un imbroglio à plus d’un écart et niveau. Le constat concerne une situation qui ne n’est pas propre à la Tunisie mais qui, généralement, explique l’artiste, “est un phénomène qui se manifeste dans les démocraties naissantes du monde…Il accompagne inlassablement cette vague de liberté d’expression qui s’ouvre dans le pays laissant le champ libre à tous de se prononcer, sans limite, sur toutes les questions.”

Faten Rouissi fait de la création contemporaine un cadre interactif qui se côtoie confortablement avec des œuvres archéologiques anciennes, héritage des époques punique et romaine. Elle insiste sur l’ambition de ce projet “porteur d’un message de paix et d’espoir, de voir la culture et l’art se placer en tant que rempart qui aiderait à combattre les idées extrémistes et d’intolérance, pour aboutir à une meilleure ouverture et évolution de la société”.

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