Journée mondiale de la liberté de la presse : inquiétude sur la régression de la liberté de la presse en Tunisie

La Tunisie célèbre le 3 mai de chaque année avec l’ensemble des pays dans le monde, la journée mondiale de la liberté de la presse, en concomitance avec la publication du classement mondial de la liberté de la presse de Reporters Sans Frontières pour l’année 2019 et dans lequel la Tunisie occupe le 72e rang sur 180 pays.

La progression de la Tunisie de 25 places par rapport à l’année dernière est due à une diminution des agressions contre les journalistes et les médias, sans compter le fait que la liberté de la presse demeure l’acquis le plus important de la révolution de 2011.

Pour rappel, le directeur du bureau Afrique du Nord RSF Souhaib Khayati avait expliqué cette progression par la détérioration de la situation de la liberté de la presse dans la région arabe et dans le monde en général.

Malgré cette légère amélioration et les acquis importants réalisés dans le domaine de la liberté de la presse en Tunisie, les journalistes, leurs structures professionnelles ainsi que les organisations nationales défendant la liberté d’expression et d’opinion, ont exprimé leurs vives inquiétudes vis-à-vis de la possibilité de retour au premier carré de la domination et de la restriction en la matière.

Selon le président du SNJT Néji Bghouri et les avis de Radhia Saidi membre de la Haute Autorité Indépendante de la Communication Audiovisuelle (HAICA) et de l’universitaire Larbi Chouikha, ces inquiétudes sont autant de menaces qui se résument dans la détérioration de la situation financière et sociale des journalistes, l’absence de révision des lois organisant le secteur et les atermoiements dans la mise en place des instances de régulation.

A cet effet la situation professionnelle marginale d’un grand nombre de journalistes est l’un des signes avant coureur du recul de la liberté de la presse. Bghouri estime dans ce sens que la situation des libertés en Tunisie ne garantie aucunement une presse de qualité surtout après le volte face du gouvernement dans l’activation des accords garantissant le seuil minimum des droits des journalistes.

Le président du SNJT a pointé du doigt les atermoiements des gouvernements qui se sont succédé depuis 2011 dans la concrétisation de ses engagements envers les professionnels du secteur. Le dernier en date étant la non publication de l’accord-cadre en faveur des journalistes tunisiens dans le Journal Officiel de la République Tunisienne. L’accord en question avait été signé par le SNJT et toutes les parties sociales concernées le 9 janvier 2019.

Bghouri a laissé entendre que la garantie de la liberté effective de la presse en Tunisie reste tributaire de l’existence d’un environnement législatif et réglementaire convenable, et ce, par le biais d’une révision sérieuse des lois régissant le secteur à même de renforcer les acquis. Le président du SNJT a appelé à ce propos à mettre fin à toutes les tentatives d’ingérence du pouvoir exécutif, des partis politiques, des groupes d’influence et de l’argent sale dans le travail des journalistes.

Pour sa part Radhia Saidi membre de la Haica, a mis l’accent sur l’impératif d’adopter une loi organique globale organisant le secteur audio-visuel et octroyant des prérogatives concrètes à la nouvelle instance constitutionnelle, surtout en dépit des difficultés rencontrées par l’instance temporaire dans l’exercice de sa mission de contrôle sur les sources de financement des établissements médiatiques.

Saidi a encore mis en garde contre l’ingérence du politique, des partis et des financements douteux dans le champ médiatique, étant donné que cet ” hydre de Lerne ” constitue un danger sur la transparence de la gouvernance des structures audio-visuelles, renouvelant l’appel à la mise en place d’un service public indépendant et neutre.

Pour l’universitaire et chercheur dans les sciences de l’information et de la communication Larbi Chouikha, le plus important est de réaliser un changement qualitatif pour assurer le passage de l’information gouvernementale à l’information publique et de le concrétiser dans le travail quotidien du journaliste.

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