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Jazz à Carthage 2021, l’édition des challenges! Entretien avec son directeur Mourad Mathari

Le 15ème épisode du festival Jazz à Carthage devrait débuter mercredi 30 juin 2021 avec un concert qui sera donné en plein air, dans les jardins du pavillon de Gammarth par la révélation de la musique cubaine Cimafunk. Un concert tout en couleur qui se déroulera dans les meilleurs conditions et avec un respect total du protocole sanitaire précisent les organisateurs du festival.

C’est une première collaboration avec le ministère des affaires culturelles que nous remercions pour son soutien ainsi que celui de l’Établissement de la Promotion des festivals, déclare Mourad Mathari, fondateur et directeur de Jazz à Carthage qui nous donne plus de détails sur cet événement exceptionnel qui bravera les difficultés pour ravir, les curieux, mélomanes et adeptes du festival.

Tekiano : Le 15e épisode de Jazz à Carthage est divisé en deux sessions réparties sur deux années, pourquoi ce choix?

Mourad Mathari: Jazz à Carthage, tout comme la plupart des acteurs du secteur culturel, a été touché par la crise sanitaire et l’annulation de l’édition 2020 a été une décision très difficile. Les préparatifs du festival ont commencé tardivement.

On était dans l’attente des accords et surtout d’avoir le plus de visibilité possible. On a lancé les préparatifs en prenant des risques, on n’avait pas beaucoup le choix. Donc un programme en deux temps, le premier est plus festif vu le cadre, la période et les restrictions. Et comme on a eu des reports en 2020 (avril), puis en 2021 (janvier) on a donc dû reprogrammer ces artistes dans l’Extended session.

C’est grâce à la passion qui nous anime, nous sommes de retour en 2021 malgré de très nombreuses difficultés. Un grand bravo à toute l’équipe pour son dévouement et les sacrifices consentis. C’est un vrai miracle !

Tekiano : L’événement jazz à Carthage a bien évidement été impacté par la crise : Moins d’artistes, l’impératif de se produire dans un espace ouvert, un nombre de spectateurs réduits… Cela a-t-il aussi eu un impact sur le nombre de billets vendus jusqu’à maintenant ?

Mourad Mathari: La réduction de la capacité, l’annonce tardive, les annonces diverses et les communiqués du gouvernement, la situation avec le couvre-feu ont certes ralenti les choses. Mais notre public est en train de se mobiliser et répondre présent et c’est l’essentiel. C’est pour lui qu’on résiste.

On reste confiant. On compte sur sa présence et soutien.

Tekiano : : Avec Jazz à Carthage, on a l’habitude de voir des spectacles sold out et ceci très tôt, dès l’annonce du programme. Quels sont les spectacles les plus plébiscités cette année ?

Mourad Mathari: Nous avons opté pour plusieurs raisons pour une programmation festive, une programmation grand public adaptée à un espace Outdoor. C’est une première pour nous.

Tous les concerts semblent être à ce jour demandés. L’ouverture avec Cimafunk et le concert de Nomcebo devancent un peu les autres.

Tekiano : En se basant sur les statistiques de la vente des billets en ligne, y’aurait-il des spectateurs en provenance de l’étranger comme ce fut le cas avant, notamment de France ou Algérie ? Pensez-vous que Jazz à Carthage a un rôle à jouer pour promouvoir le tourisme culturel en Tunisie ?

Mourad Mathari: Habituellement oui nous avons des spectateurs en provenance de l’étranger. Cette année, vu les conditions de voyages exceptionnelles il y a un peu de demandes (quelques-unes quand même) mais nous avons beaucoup d’étrangers résidents en Tunisie qui seront présents.

Tekiano : Le choix des artistes du 15e épisode s’est fait sur quelle base cette année ?

Mourad Mathari: De leur réactivité, de leur disponibilité, de la volonté des artistes de venir en Tunisie, des budgets alloués, de leur accord de respecter le protocole imposé par le gouvernement Tunisien…

Tekiano : Reposez-vous sur l’avis des fans pour le choix des futurs artistes qui se produiront sur scène ? Si la réponse est oui, comment se font les concertations ?

Mourad Mathari: Oui cela a toujours été le cas. Bien évidement quand les demandes demeurent réalistes. Les échanges se font sur les réseaux sociaux.

Tekiano : La situation demeurant critique en Tunisie par rapport aux autres pays du monde, les artistes invités ont-ils des appréhensions ? Auraient-ils des exigences particulières en venant se produire ici ?

Mourad Mathari: Bien évidemment qu’ils en ont. On gère tous les jours avec leurs agents des demandes de précisions sur la situation. On doit les rassurer leur expliquer qu’elles sont les info ou les intox … toutes les mesures ont été prises. On est en relation avec les services compétents du Ministère qu’on remercie pour leur collaboration.

Tekiano : De grands journalistes et critiques, pour ne citer que les défunts Michel Delorme et Farida Ayari, ont laissé des textes indélébiles sur les prestations d’artistes talentueux lors des dernières éditions de jazz à Carthage, où sont-ils aujourd’hui ?

Certes les photos et vidéos sont bien archivés et accessibles sur les réseaux sociaux. Y’aurait-il une volonté de sauvegarder la mémoire du festival, notamment écrite, et éventuellement créer une base numérique regroupant l’archive de Jazz à Carthage qui serait accessible à tous ?

Mourad Mathari: Michel Delorme et Farida Ayari nous manquent énormément. Nous avons souvent une pensée pour eux.

Les textes, photos et vidéos … sont sur les réseaux sociaux ainsi que dans les archives de nos anciens sites. On garde aussi bien évidemment une trace dans nos archives. C’est la mémoire du festival.

Mourad Mathari confie que derrière tous ces efforts, se cache Ou plutôt se CACHAIT une ambition; Nous voulions, dès maintenant, nous positionner pour créer le meilleur festival de Jazz de la région ! Malheureusement, nous sommes aujourd’hui confrontés à une réalité amère… Le festival ne reçoit pas le soutien qu’il espérait et l’on se demande, réellement,  jusqu’où pourra t-on aller…

Un sentiment partagé surement avec plusieurs promoteurs culturels et créateurs d’initiatives en Tunisie, en espérant que les choses changent..

En cas du maintien du couvre-feu en Tunisie, les concerts seront avancés à 18h00 ! On ne va rien lâcher, précisent les organisateurs du festival Jazz à Carthage. Vous pouvez encore acheter les billets sur le site https://2021.jazzacarthage.com/

Sara Tanit

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