Film Communion de Nejib Belkadhi: Amour, folie et décadence au temps du Coronavirus

L’acteur et réalisateur Nejib Belkadhi retrouve les cinéphiles avec un 5ème long-métrage intitulé “Communion”, une fiction dramatique d’une durée de 1H36, proposée en noir et blanc, et dont laquelle il partage l’affiche avec l’actrice Souhir Ben Amara. D’apparence simple, avec des décors improvisés et une écriture facile, il se révèle d’une complexité bouleversante.

Dans “Communion”, les faits nous renvoient vers la période du confinement total en Tunisie qui a débuté en mars 2020. Des mois qui ont été marqués par des pénuries de tout genre, un enfermement presque total de la population active et des impacts psychosociaux notables sur tous.

Il relate l’histoire de Kais (Nejib Belkadhi), employé chez un concessionnaire automobile et Sarra (Souhir Ben Amara) responsable dans une assocation caritative. Les deux personnages constituent un jeune couple marié heureux sans enfants, qui mène une vie tranquille dans un quartier huppé avec leur chat Baghera.

La pandémie du coronavirus éclate dans le monde, le duo se trouve obligé de s’adapter à cette nouvelle vie marquée par de nouvelles habitudes, le couvre feu, les pénuries et l’incertitude. Quelque chose change en Kais, il devient de plus en plus étrange, imprévisible et irritable.

A mesure qu’on avance dans la fiction, le portrait familial, peint au début en rose, commence à s’assombrir. Le pseudo équilibre et les rituels qu’on a essayé d’instaurer pour s’adapter et faire face à la pandémie s’effondrent pour laisser place à un désordre, dont on découvre l’origine au fur et au mesure.

Tourné durant cette période délicate lié au confinement, le film est fait avec des moyens vraiment réduits et limités. D’ailleurs les acteurs et figurants participants se comptent sur les doigts de la main et plusieurs séquences se basent sur des échanges via téléconférence. Néanmoins, le réalisateur s’est permis un large champ de liberté et s’est amusé à évoquer des sujets qui lui sont chers au coeur.

La question des conséquences de la Covid-19 sur la santé mentale et la famille et comment un couple arrive à surmonter ces épreuves est au coeur des préoccupations du réalisateur. Nejib Belkahdi met également presque tous les clichés et les théories de complot associés au coronavirus sur la table.

L’affiche du long-métrage est partagé avec le chat Baghera de son vrai nom “Faouzi’, omniprésent, et propre chat de l’acteur, c’est un clin d’œil à son combat personnel pour la valorisation et la protection des animaux. Cela est constaté notamment à travers une longue séquence ou Souhir Ben Amara nourrit des chats errants, appuyant ce désir de mettre en avant la cause animale.

Le changement climatique et la dégradation de l’environnement sont aussi abordés à travers des vidéos visionnées par l’acteur principal et qui exposent jusqu’à quel point le monde est nettoyé, a changé et respire à nouveau grâce à la pandémie. C’est à se demander qui est le virus vivant qui nuit le plus à l’autre? L’homme ne serait-il pas le véritable virus qui puise dans les ressources de la terre sans ménagement ?

Lors de la projection presse, Nejib Belkadhi a avoué que ce film n’a pas suivi un schéma traditionnel, c’est un film que j’ai fait presque comme une thérapie, dit-il. L’écriture de son texte lui a pris tout juste 5 jours. Je me suis soigné grâce à cette production avant de penser à m’adresser aux autres.

La symbiose qui se créée avec sa complice et ‘partner in crime’ Souhir Ben Amara aide le téléspectateur à se projeter et à se reconnaître dans quelques passages. En tout cas la franchise du long-métrage, facilement classable en film de mémoire, dérange. Tout le monde a été affecté d’une façon ou d’une autre par la pandémie à des degrés différents. Communion archive une anecdote individuelle mais il est loin d’être monotone. Il explore à travers la caméra des horizons infinis même quand on tourne des scènes cloitré entre 4 murs.

Le film Communion de Nejib Belkadhi est projeté actuellement dans plusieurs de cinéma du Grand Tunis. Il est précédé du court-mtérage “Hors-jeu flagrant” de Sami Tlili.

Sara Tanit

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