Création “Nous serons tous dévorés par le feu”: Mémoire de Femmes, mémoire de la Tunisie

La 4eme édition du festival Carthage Dance, les Journées chorégraphiques de Carthage 2022, a été inaugurée dans une ambiance conviviale à la cité de la Culture de Tunis, samedi 11 juin, embelli à l’occasion avec une exposition inédite d’œuvres d’art dans le hall de la cité.

Le public a pu assister avant l’inauguration officielle de Carthage Dance, à une nouvelle création de l’artiste-chorégraphe de renommée internationale, Radhouane El Meddeb intitulée “Nous serons tous dévorés par le feu” (Baladi ya baladi) avec la danseuse Malek Sebaï, le pianiste Selim Arjoun et l’artiste visuelle Héla Ammar.

Ce spectacle rend hommage aux femmes à travers une figure mythique de la Tunisie, l’artiste Habiba Msika, icone tunisienne des années 20 et 30. Chanteuse libre et agitatrice aux multiples talents, Habiba Msika, ou l’aimée de tous (habibét él kol) comme on la surnommait, a su laisser une trace indélébile dans la mémoire collective Tunisienne.

Avant-gardiste, Habiba M’sika continue à inspirer des générations de femmes de part son audace et sa carrière qui a pris fin très tôt. L’artiste a été victime d’un crime passionnel, brulée chez elle par un de ses amants…

Le spectacle “Nous serons tous dévorés par le feu” est un hommage à la Femme tunisienne, à travers ce clin d’oeil à Habiba Msika. Des femmes qui ne cessent depuis toujours de lutter pour leurs droits. La création a débuté avec un visuel concocté par l’artiste Hela ben Ammar qui a fait défilé des figures féminines de militantisme dans plusieurs domaines, qui ont basculé l’histoire de la Tunisie.

De Bchira Ben Mrad, Tawhida Ben Cheikh ou Radhia Haddad à Raja Ben Ammar, Zeineb Farhat, Leila Adda et Lina Ben Mhenni, c’est avec un tendresse qu’on a vu défiler ces personnages et plein d’autres, des images familières de femmes, symboles de changements, de dénonciation des abus, de lutte continuelle, de révolution et de combat pour les libertés.

Puis sur scène, la danseuse Malek Sebaï accompagnée du  pianiste Selim Arjoun ont pris place et ont su emporter les spectateurs dans un voyage sans frontières, rythmé d’aires musicales connus ou moins connus mais entrainant selon ce que les artistes ont voulu véhiculer comme émotion; La femme danse, animée par le feu qui nous bouleverse et nous dévore. La femme source de vie et de création, de passion et d’amour… C’est le feu de la révolte, de la puissance et de la détermination face à l’ordre établi… Un tremblement qui transforme le monde.

Animée par la passion, la danseuse incarne des maux, s’agite pour se défendre, affronte le conservatisme, se bat contre l’intégrisme, crie sa révolte et puis chante, à en perdre les mots et en tomber par terre.

Nous serons tous dévorés par le feu de Radhouane el Meddeb, c’est ce qui traverse nos corps à tous aujourd’hui révoltés, c’est la danse habitée par la mémoire d’une nation, celle d’une époque qui disparaît à jamais…lit-on dans la description de ce spectacle inédit qui a été proposé à deux reprises dans le cadre du programme de Carthage Dance 2022, en esperant le revoir bientôt dans un nouveau cycle.

Sara Tanit

 

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