Pénurie d’eau en Tunisie : Appels à éviter les nouvelles cultures irriguées et adopter le code de l’eau

La Pénurie d’eau en Tunisie se fait sentir de plus en plus, couplée au manque de pluies ce qui annonce une année sous le signe de sécheresse. Les barrages sont quasiment vides et avancent des chiffres alarmants.

L’Observatoire national de l’agriculture (ONAGRI) précise que le taux de remplissage des barrages a atteint 29%, à la date du 14 décembre 2022. Le stock global de réserves en eau de l’ordre de 677,72 millions m3, contre 952,3 millions m3, durant la même période de 2021..

Appel à ne pas programmer de nouvelles cultures irriguées à Jendouba 

Le commissariat régional au développement agricole (CRDA) à Jendouba a appelé les agriculteurs à se contenter d’irriguer les plantations déjà existantes (arbres fruitiers, grandes cultures..) existantes et de ne pas programmer de nouvelles cultures irriguées durant le reste de la saison agricole 2022-2023.

Dans un communiqué publié vendredi 06 janvier 2022 le CRDA a invité les intervenants dans le secteur à la rationalisation et la bonne gouvernance dans l’exploitation de l’eau d’irrigation.

La pénurie d’eau traduite par un manque persistant de pluie indique une baisse sans précédent au niveau des réserves des barrages de la région à l’instar du barrage de Bouhertma, qui ne dépassait pas, jusqu’à vendredi 6 janvier 2023, les 22 millions m3 pour une capacité totale de stockage de plus de 140 millions m3 ou encore la baisse du taux de remplissage du barrage de Mellègue à 34 %.

Par ailleurs, les experts estiment que le taux des eaux gaspillés dans les réseaux d’irrigation a dépassé les 36% dans le gouvernorat de Jendouba. Dans ce contexte, des travaux ont été entamés par le CRDA de Jendouba pour le renouvellement des réseaux d’eau d’irrigation d’une zone de 10 mille hectares en vue d’une meilleure gestion de l’eau et dans le cadre de la lutte contre le gaspillage.

La nécessité d’accélérer l’adoption du code de l’eau, les recommandations du FTDES

Le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES) appelle le gouvernement à accélérer l’adoption du code de l’eau, et ce en vue de faire face à la crise hydraulique à laquelle est confrontée la Tunisie.

Dans une note intitulée ” La crise de l’eau en Tunisie : une mauvaise gestion des ressources hydrauliques expose le pays à un stress hydrique “, publié récemment, l’ONG met l’accent sur la nécessité d’inscrire dans ce code le droit à l’eau comme “un droit fondamental” , en accordant la priorité à l’usage domestique.

Ce texte, souligne le FTDES, doit prévoir un article portant sur la protection des ressources en eaux conventionnelles, notamment les eaux souterraines dont le volume d’exploitation s’élève à plus de 125% dans les régions du sud.

Cette mesure permettrait de durcir les conditions d’octroi d’autorisation de forage de puits et de lutter contre les puits anarchiques estimés à 19 000 unités en 2019.

Il est également nécessaire de mettre fin à “l’anarchie exécutive” et de limiter le nombre d’intervenants dans le secteur. Pour ce faire, le Forum suggère de créer un ministère dédié strictement au secteur de l’eau, lequel aura pour mission de chapeauter les différentes structures concernées.

Evoquant le secteur agricole, il juge indispensable d’élaborer un nouveau plan agricole qui prend en considération la spécificité de chaque région et la rentabilité des cultures. Face à un secteur qui consomme près de 80% des ressources hydrauliques sans pour autant garantir l’autosuffisance alimentaire, il est impératif, souligne l’organisation, de réduire les cultures agricoles très consommatrices d’eau comme les agrumes et les fruits.

Dessalement de l’eau de mer, réhabiliter les canaux et appliquer “le principe de pollueur -payeur” des solutions envisageables

Pour ce qui est de l’industrie, le FTDES déplore l’absence d’une stratégie nationale visant à contrôler les eaux utilisées dans le secteur, citant l’exemple du textile, dont les eaux usées ont endommagé des zones entières.

Il dénonce l’absence de mécanismes de recyclage de ces eaux, appelant, à appliquer “le principe de pollueur-payeur”.

En ce qui concerne le secteur touristique, le Forum fait remarquer que les hôtels et les établissements touristiques, qui accueillent des millions de touristes chaque année, sont des lieux de gaspillage d’eau. L’Etat est par conséquent appelé à recourir à de ressources non conventionnelles dans ce secteur comme le dessalement de l’eau de mer, souligne la même source.

Sur le plan logistique, l’organisation appelle à au doublement de la capacité de stockage pour atteindre 20% au minimum de l’ensemble des précipitations qui dépassent 36 milliards mètres cubes (m3) afin d’aider la Tunisie à faire face au stress hydrique.

Cependant, cette mesure demeure tributaire de la capacité du pays à aménager de nouveaux barrages et de réhabiliter ceux qui sont vétustes.

S’agissant du volet technique, le forum plaide en faveur de la mise en place d’un plan opérationnel à même de réduire les pertes de l’eau potable et d’irrigation (400 millions de m3 par an) dues à la vétusté des réseaux de distribution de la Société nationale d’exploitation et de distribution des eaux (SONEDE).

La dégradation des ces réseaux entraîne une perte de 30% du volume des eaux distribuées par la SONEDE chaque année, note l’organisation, soulignant l’importance de réhabiliter ces canaux.

Tekiano

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