BIL ACT : Une journée contre la corruption en Tunisie, pour que la lutte continue !

 

Encore un évènement pour soutenir la lutte contre la corruption en Tunisie, il s’agit de la troisième édition du BIL, tenue à l’espace El Teatro, samedi 08 décembre. Co-organisée avec le PNUD, (Programme des Nations Unis pour le Développement), cette édition avait pour slogan “BIL ACT” BIL Against Corruption Today ou BIL contre la corruption aujourd’hui.

L’événement BIL vise à mettre au point des conférences autour de sujets divers et d’actualité et à ouvrir également un espace de débat entre les conférenciers et l’audience pour plus d’interactivité, échange d’idées et pourquoi pas trouver des solutions ensemble. Il s’agit là de sa troisième session après la toute première organisée en septembre avec pour thème le développement durable et une deuxième, dédiée à l’OpenGov à Sayada.

Sana Ouechtati, juriste de formation et membre du collectif OpenGov Tunisie a donné le coup d’envoi de cet événement en présentant le thème en question ; la corruption, ses déclencheurs et les domaines affectés en Tunisie. Il s’en sort de son analyse que les domaines les plus corrompus en Tunisie sont, sans grande surprise, le commerce des propriétés foncières et la douane.

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Des chiffres alarmants sont révélés. En 2012, la Tunisie perd deux places pour se placer au 75ème rang des pays les plus corrompus, d’après Transparency International. Le le pays le plus corrompu se positionne à la 100ème place. Selon le ministre chargé de la gouvernance et de la lutte contre la corruption, Abderrahmen Ladgham, 35% des Tunisiens avouent avoir eu à faire à la corruption, des milliers de dossiers ont été reçus et certaines sociétés étrangères sont impliquées.

La juriste a également présenté les solutions adoptées en Tunisie pour essayer de réduire l’impact de la corruption. Des instances gouvernementales essayent de délimiter ce phénomène à l’instar de l’Instance nationale de lutte contre la corruption avec pour président Samir Annabi, ou la commission de la réforme administrative et de la lutte contre la corruption de l’Assemblée nationale constituante.

Des initiatives citoyennes sont en train de se multiplier avec notamment l’association de lutte pour la transparence financière et son président Sami Remadi ou encore la stratégie citoyenne participative, en donnant un droit d’accès à l’information à chaque citoyen ainsi qu’une veille nationale dans ce domaine, grâce au projet: www.anticor.tn.

Deuxième intervenant du BIL ACT, Tahar Alouane, cinéaste et homme de lettres, qui a longtemps côtoyé les maisons de culture tunisiennes ainsi que les couloirs du ministère de la Culture. Il aborde dans son intervention les rouages et les dessous de tables entre quelques directeurs de ces maisons et des les responsables sensés éduquer des jeunes et leur permettre le libre accès au divertissement et au savoir. Il dénonce également les dépassements qui sont faits au niveau des dossiers de subvention des œuvres cinématographiques et culturelles et le favoritisme qui fait sa loi.

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Le dernier volet du BIL a commencé avec une projection d’une maison qu’on est en train de démolir. Il s’agit de la maison de Lotfi Hannachi, journaliste et reporter international qui, malgré sa position et sa notoriété, s’est vu confisquer sa maison, située dans le quartier «Les jardins de Carthage», par le clan Ben Ali.

Le journaliste raconte sa mésaventure, sa lutte pour conserver son bien et comment les gens au pouvoir ont réussi à démolir sa vie, en traquant notamment sa famille. Une bien triste histoire qui, deux ans après la révolution, ne s’est toujours pas résolue. Lotfi Hannachi galère toujours pour retrouver ses droits.

Le débat à la fin du BIL fut bien mouvementé. Plusieurs personnes présentes ont tenu à relater leurs propres expériences avec la corruption et les injustices qu’elles ont subies. Malheureusement tout le monde à un moment ou un autre de sa vie se trouve confronté à l’obligation de donner un pot de vin ou à faire appel à une connaissance pour que son affaire soit réglée. Et tristement, cette façon de faire se diffuse chez les enfants qui s’intègrent dans le système de la corruption sans s’en rendre compte.

Pour s’en sortir il faut donc commencer par là, à inculquer aux plus jeunes les valeurs de l’honnêteté en espérant que, d’ici quelques décennies, les mentalités évoluent dans le bon sens. Le rôle de veille est également important, mettre en avant les injustices et en pa rler reste le meilleur moyen pour les éliminer et surtout, dissuader les corrupteurs/corrompus de répéter leurs actes.

Les prochaines éditions du BIL sont en cours de préparation et vont se dérouler au Kef et Gafsa pour plus de proximité avec les jeunes des régions de l’intérieur du pays et pour leur permettre à eux aussi de faire parvenir leurs voix et de débattre de leurs problématiques spécifiques.

 

Sara Tanit

Crédit photos : Abdelkarim Ben Abdallah

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