Tunisie : Njoum Ellil, entre vidéo et Facebook

Caméras sur téléphones portables, Msn, Facebook, et échanges de vidéos sur le web. La technologie émaille la trame de Njoum Ellil. Donnant encore plus de réalisme au feuilleton phare de ce mois de Ramadan.

Réalisé par Madih Belaid sur un scénario de Samia Amami, Njoum Ellil confronte deux classes sociales. La bourgeoisie, souvent impliquée dans le business illicites et la classe moyenne en équilibre précaire, résistant pour défendre ses principes d’honneur et d’honnêteté. Cette production programmée quotidiennement, par Hannibal TV, à partir de 19h45 durant la première quinzaine de ramadan s’apprête à toucher à sa fin.

Si «Njoum Ellil» à se tailler sa part d’audience, c’est par ce que son scénario impose une certaine recherche de réalisme… frisant parfois le sordide. Un réalisme permettant à chacun de s’identifier à un personnage ou de voir son alter ego dans son milieu proche. La réalisation a su être fidèle à ce qu’amorçait l’écriture dramatique. Les lieux de tournages repérés reflètent vraiment les paradoxes de notre société, dans un pays en évolution…

Dans cette société jeune et en plein développement, les nouvelles technologies ont donné plus de sens au réalisme en question. Les outils technologiques interviennent pour influer sur le cours des événements ou bien sculpter les traits de caractère des personnages. Dealer ou mère de famille, trafic et argent sale ou rigolade entre amis, peu importe l’appartenance sociale ou l’activité professionnelle, les TIC sont omniprésentes. Les téléphones sonnent sans cesse et leurs sonneries rythment la vie des personnages, y mettent de la tension et font avancer le scénario. Un jeune fait usage de la caméra de son téléphone de manière obsessionnel qui introduit au téléspectateur, à titre d’exemple, son rapport avec son père. Ils postent les séquencent vidéos qu’ils filment sur facebook pour rigoler avec leurs amis par la suite.

C’est le cas d’ «Aymen» interprété par le jeune Omar Hmida. Peu importe l’âge, les personnages de Njoum Ellil draguent ou assurent une coordination professionnelle à travers des conversations audio par Skype («Zak» interpérété par Moez Gdiri), lieu de rencontre entre personnages et cause provoquant la tension entre d’autres. La recherche de la proximité se présente sans cesse. Les jeunes artistes tels que le rappeur-mécanicien interprété par Maguy peaufine sa musique en musique assisté par ordinateur (MAO). « Il est strictement interdit de parler en arabe sur le plateau !» ceux qui ont travaillé dans des centres d’appel relatif à la délocalisation de services de France en Tunisie connaissent surement cette phrase. «Marwa» interprété par Fatma Ezzahra, l’a connu où elle travaille. Comme elle a connu les petites rigolades ayant lieu dans ce genre d’établissements et le rapport de force avec le casse tête superviseur. Tout ceci n’a fait que renforcer l’approche réaliste choisie par cette production. Il est facile à s’identifier à de tels personnages dans une société ou presque chaque individu dispose d’un téléphone portable et les utilisateurs d’internet sont comptés à 2.960.000 dont 262.986 sont abonnés à haut débit selon les statistiques de l’Agence Tunisienne d’Internet (opérateur national d’internet). D’ailleurs, le succès sur le web n’a pas tardé à suivre avec un groupe facebook comptant plus que 3390 membres (voir ici) et une fan page comptant plus que 2290 fans (voir ici).

Autant de facteurs qui contribuent à faire de Njoum Ellil, une production qui dépasse un tant soit peu les archaïsmes ô combien nombreux sur nos télés !

Thameur Mekki

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