Que sera la Tunisie dans 20 ans ? Une question à laquelle 18 jeunes réalisateurs ont essayé de répondre à travers leurs films. En Digital, VHS ou grâce à leur téléphone portable. Reste à bâtir, en Tunisie, le statut de la liberté digitale.
Digital, VHS ou téléphone  portable, peu importe le support pour se présenter au concours de création  audiovisuelle de «Views of America». Au-delà de la manifestation  cinématographique, les Rencontres du Cinéma Indépendant Américain de Tunis se  veulent une occasion pour promouvoir des cinéastes tunisiens en herbe. Dans une  soirée à lhôtel Ramada Plaza à Gammarth, Hisham Ben Khamsa, organisateur de la  manifestation, a décerné les prix et les récompenses à huit jeunes réalisateurs,  vendredi 20 novembre. Cétait en présence des différents partenaires dont  lambassade des Etats Unis dAmérique en Tunisie, représentée par lambassadeur  lui-même, et la directrice de la société de production Digipro. Entre jazz et  funk en live joué par les «So Soulful» et un mix assuré par Dj Danjer, cette  cérémonie sest voulue éclectique.
Lart privilégié sur la technique
«Le jury du concours attribue beaucoup plus  dimportance à la valeur  artistique quà  lapproche technique lors de lévaluation des films présentés» affirme Hisham  Ben Khamsa, organisateur de la manifestation. «Cest normal vu que les moyens  mis à disposition des jeunes réalisateurs ne sont pas les mêmes. Il y a les  étudiants décoles qui disposent dun matériel professionnel alors que dautres  filment avec les caméras de leurs téléphones portables» persiste le réalisateur  et universitaire tunisien Mohamed Damak, président du jury de ce concours.  Dailleurs, les lauréats semblent apprécier ce choix du jury. «Ce qui ma  touché le plus est la reconnaissance de lautre. Les films ne sont pas évalués  en fonction des moyens techniques. Cest lidée qui importe le plus. Par  exemple, mon film a été tourné, à la maison, avec une caméra Mini DV à basse  résolution. Je lai filmé à la maison avec les lumières normales» nous confie  Ghassen Khemakhem, lauréat du 1er prix du concours en 2008 avec son  film «Moi et moi-même». Même Mohamed Oussaifi, lauréat du 1er prix  en 2009 est séduit par lapproche. «Jai  filmé avec un caméscope Sony Mini DV. Ce nest pas vraiment pro mais ça a fait  laffaire» dixit Mohamed en alternant : «Je me suis lancé sans hésitation.  Cette expérience ma permis encore plus de familiarisation avec le matériel et  avec lambiance du tournage».
Rendez vous avec loncle Sam
Cap sur New York dès le 18 décembre pour un voyage tous frais payés au profit des trois premiers lauréats du concours. «Cest très intéressant. Après tout, les films qui ont marqués mon enfance, et celle de ma génération aussi, sont les films américains. Quand on était petit, on partait chercher des «Van Damme» et autres dans les clubs vidéos. Cest très importants pour nous de voir en réalité les décors et les lieux de tournages de ces films» nous confie Mohamed Oussaifi, étudiant à lEcole Supérieur de lAudiovisuel et du Cinéma. Il est le lauréat du premier prix de ce concours ayant comme thème « Tunisie 2029, votre vision de la Tunisie dans 20 ans». Mohamed Oussaifi a réalisé un film intitulé «Contrastes». « Jai présenté ma vision de la Tunisie en 2009 à travers plusieurs contrastes. Partager ma vision, celle dun jeune, avec dautres dont des gens, probablement plus âgés, est très intéressant pour moi. La notion du partage est ce qui ma tenté le plus dans la thématique du concours» explique-t-il.

Mais dautres réalisateurs en herbe ont déjà vécu lexpérience lors de la première édition de ce concours. Ghassen Khemakhem a eu le premier prix lors de lédition de 2008. Il nous a parlé de son voyage à New York : «Le voyage était une découverte dun autre monde, une autre dimension et une autre mentalité. On a fait des visites à lécole de cinéma de New York et on est parti voir plusieurs expositions dart contemporain et musées. Pour moi, le coup de cur reste la découverte de certaines uvres dAndy Warhol. Son travail de lart vidéo est tout simplement bouleversant. On a également rencontré des réalisateurs américains qui ne connaissent même pas la Tunisie. Quand on leur dit que cest en Afrique du Nord, ils se sont interrogés sur le fait quon ne soit pas black» !
Que sera la Tunisie dans 20 ans ? Une question à laquelle les 18 jeunes réalisateurs participants à ce concours ont essayé de répondre à travers leurs films. Confiants en la magie du cinéma, pensons à une Tunisie dont le peuple est reconnu partout dans le monde grâce aux objectifs des caméras de ses réalisateurs. Mais pour réaliser ce rêve, encore faudrait-il bâtir le statut de la liberté digitale.
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