Tunisie : 16 000 yeux rivés sur le break

La culture hip hop, longtemps confinée dans l’underground, commence à bénéficier de l’intérêt de l’Etat et des sponsors. 13 crews de break dance de Bizerte à Gabès, s’affronteront aux pieds du Ribat de Monastir, sous les yeux de milliers de spectateurs. Gloire à l’Art de Rue !

«On a eu 8000 personnes à Monastir en 2009. C’était énorme!» nous confie Maguy, maître de la cérémonie du «B-Boy Street Battle» et membre de l’Upper Underground Crew. Après avoir gagné en notoriété, l’événement notera, fort probablement, un plus grand nombre de spectateurs lors de l’édition 2010.

La circulation sera bloquée dès 21h vers le Ribat de Monastir. Aux pieds de ce monument historique, 13 crews de break dance vont s’affronter,
vendredi 6 août, à l’occasion de «Urban Days». L’accès est gratuit. Après ce «B-Boy Street Battle», la deuxième journée de la manifestation sera consacrée au rap. En tête d’affiche : Malikah alias Lix, figure importante du hip hop libanais et arabe. Elle sera accompagnée par les rappeurs de son collectif. Ainsi, Ram6, RGB et Zoog seront aussi la scène de «Urban Days». Le «Hip Hop Show» se tiendra,
samedi 7 août, à partir de 21h au même endroit. Ce concert sera assuré, en partie, par une armada de rappeurs tunisiens. Il s’agit de Kazi, Phenix, Wistar, Crack, Anonyme et H2Rime.

Vulgariser l’art du b-boying

Organisé par Red Bull avec la collaboration de Kast Events, ce rassemblement de la communauté de la culture urbaine, unique en son genre en Tunisie, aura lieu sous la tutelle du Ballet de Monastir de Dance Sportive et Artistique. Salem Alaya, vice-président de cette association, nous en parle: «Notre objectif est la vulgarisation de ce sport et de chasser les idées préconçues qui l’entourent».

Et voilà que la culture hip hop, longtemps confinée dans l’underground, commence à bénéficier de l’intérêt de l’Etat. En effet, «Urban Days» se tiendra sous l’égide du Ministère de la jeunesse du sport et de l’éducation physique et du Ministère de la culture.

«C’est très important d’encadrer ces jeunes. Certains d’entre eux sont actifs dans les rues. Rares sont ceux qui trouvent un espace d’accueil. Et jusque-là, c’est le seul événement qui met ces artistes face au grand public» relève Salem Alaya. Désormais, différents organismes de la société civile et du paysage culturel comptent parmi leurs rangs des adeptes de la culture urbaine. «Il se trouve que certains breakeurs sont membres de notre association. L’idée d’organiser cet événement est leur initiative».

Du nord au sud, ça break !

De Bizerte à Gabès, les b-boys tunisiens se rassembleront lors de cette troisième édition des «Urban Days». Upper Underground de Tunis, MBF Crew de Monastir, Rats Of Style de Hammam Sousse, Kings Of Terror de Ben Arous et autres disputeront cette compétition. Alors que l’art du b-boying manque de visibilité, comment faire la sélection des crews participants? «Nous nous connaissons via les rencontres underground. C’est par le bouche-à-oreille qu’on tient les autres informés. Et on sélectionne les crews participants selon leurs niveaux respectifs» explique Abderrahmen Attabi, directeur technique de «Urban Days».

Et il poursuit : «Les demi-finalistes des sessions précédentes sont systématiquement admis. Quant aux autres, ils nous envoient des vidéos de leurs prestations. Ils sont admis ou pas, suite aux visionnages des séquences reçues». Pour départager les crews participants, le comité d’organisation a fait appel aux compétences de «Lilou». Ce b-boy franco-algérien a été sacré champion du monde lors du battle Red Bull BC One tenu à Berlin en 2005. «Lilou» a remporté le même titre en 2009 à New York.

Durant trois heures, les b-boys de Tunisie défendront chacun son crew. A minuit, le nom du combo vainqueur du «B-Boy Street Battle» sera annoncé au public. Lors de ces «Urban Days», artistes, sponsors et opérateurs culturels s’uniront pour le bonheur de la culture hip hop. Gloire à l’art de rue !

Thameur Mekki

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