Tunisie : Recommandations pour réformer l’information

 

Les journalistes tunisien(ne)s réunis lors du workshop 28 février et le 1er mars ont défini une liste de recommandations pour une réforme structurelle du secteur de l’information et préparer les médias à faire face aux exigences de la période de transition. Les voici :

1 – Suspendre l’application du Code de la presse et de toutes les lois répressives de la liberté d’expression par un décret-loi signé par le Président de la République par intérim, en prélude à leur abrogation ultérieure par l’assemblée élue dans le respect du Pacte des droits civiques et politiques des Nations Unies, ratifié par la Tunisie, notamment l’article 19 portant sur la liberté de presse;

2 – Inscrire la protection de la liberté de la presse dans le texte de la Constitution et souligner son indépendance de toutes forces politiques, groupes de pressions, lobbies financiers ou autres ;

3 – Réorganiser la communication gouvernementale de manière à garantir l’accès des journalistes à l’information, sur la base de la transparence et de l’équité;

4 – Réformer le Code déontologique de la presse tunisienne élaboré par le Syndicat nationale des journalistes tunisiens (SNJT). Les journalistes et les directeurs des médias s’engagent solennellement à respecter les principes inscrits dans ce code (exactitude, impartialité, équilibre, équité, respect de l’intégrité physique et morale…) ;  

5 – Améliorer la situation sociale des journalistes, régulariser les journalistes en situation précaire (contractuels) et revoir la grille des salaires dans le respect du statut du journaliste, du Code du travail et des conventions collectives, afin de garantir l’indépendance des journalistes et de les prémunir contre les influences et les tentations de l’argent ;

6 – Créer des sociétés de rédacteurs au sein des médias privés pour permettre aux journalistes de participer au capital des entreprises dans lesquelles ils travaillent, de constituer des minorités de blocage et d’être ainsi impliqués dans la gestion et la garantie de la pérennité de ces médias;   

7 – Doter les entreprises d’information d’un comité de rédaction et inscrire cette exigence dans la loi organisant le secteur;    

8 – Créer la fonction de médiateur au sein de chaque média, qui aurait pour mission de défendre les intérêts de toutes les parties concernées: lecteurs, annonceurs, etc.

9 – Assurer le contrôle de l’accès au métier par la délivrance de la carte de presse sur la base de l’exercice réel du métier par une instance émanant du corps de métier : le SNJT ou une Union des journalistes tunisiens (UJT) ;

10 – Créer un Conseil tunisien des médias (CTM), une instance autonome fonctionnant sur la base du bénévolat, et qui veille au respect de la liberté et du Code déontologique. Le CTM, qui serait financé par les cotisations des médias membres, examine les plaintes du public en matière de violation du code déontologique, rend des avis non juridiques mais exécutoires, que les médias concernés s’engagent à rendre publics.

11 – Mettre fin au monopole public sur le secteur de l’audiovisuel, inscrire le principe de la liberté de créer des médias dans le texte d’une loi-cadre sur la liberté de la communication audio-visuelle ;

12 – Remplacer les autorisations délivrées par le ministère de l’Intérieur par des cahiers des charges élaborés avec la participation des professionnels du secteur ;

13 – Réserver la première responsabilité éditoriale au sein des médias à des professionnels du secteur ;

14 – Créer une Instance intérimaire de la diffusion, une sorte d’autorité indépendante de régulation audiovisuelle, composée d’un panel de personnalités indépendantes et probes, cooptées ou élues, qui veilleraient à la nomination des directeurs des chaînes publiques et à l’attribution des fréquences ;

15 – Attribuer des fréquences adéquates aux radios publiques et régionales pour améliorer leurs taux d’audience et les mettre ainsi au même pied d’égalité que les radios privées, créées par des proches de l’ex-président ;

16 – Libérer des fréquences pour pouvoir les attribuer aux personnes qui ont des projets de créations de nouveaux médias audio-visuels et créer de nouvelles plages FM ;

17 – Revoir les conditions d’octroi des autorisations attribuées sous l’ancien régime (2 télévisions et 5 radios) pour s’assurer de leur conformité aux dispositions légales et règles de la concurrence. Revoir aussi le montage financier de ces médias dont les licences ont été octroyées de manière illégale et clientéliste, et prendre les mesures adéquates dans le respect de l’équité, notamment le dédommagement des personnes ayant déposé des demandes pour créer des télévisions et des radios et qui ont essuyé un refus des autorités, au mépris des règles de la concurrente et de l’équité ;

18 – L’Etablissement de télévision tunisienne (ETT) étant doté de deux chaînes de télévision publiques, il convient de transformer la 2e en une chaîne spécialisée dans l’information ;

19 – Encourager la diffusion de la télévision numérique terrestre (TNT) par l’octroi de facilités réglementaires, fiscales et autres ;  

20 – Réformer la formation initiale, dispensée notamment par l’Institut de Presse et des Sciences de l’Information (IPSI), garantir le droit à une formation qualifiante pour tous les étudiants de cet institut et renforcer la formation continue et les stages professionnels au profit des journalistes en exercice ;

21 – Revoir le rôle et le mode de fonctionnement du Centre Africain de Perfectionnement des Journalistes et Communicateurs.

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