Tunisie : Culture open source, il est temps pour les Arabes!

Le 3ème meeting de Creative Commons dans le monde arabe se veut une célébration de la culture du partage. «Sharing The Spring» a été une sorte de show case d’une panoplie des orientations musicales adoptées par les jeunes artistes du monde arabe. Ce dernier volet d’une trilogie d’articles sur l’événement est un focus sur les participants arabes.

Dès 21h, les beats lourds du rappeur palestinien Aymen Mghamis ont interpelé l’attention du public. L’artiste a scandé ses textes rageurs sur une musique puisant dans la mélodicité des maqams arabes. «J’ai vécu ici 10 ans. Vous m’avez chaleureusement accueilli parmi vous. On peut dire que je suis Tunisien» lance le rappeur aux environs 150 personnes présentes à l’espace plein air du palais d’Ennajma Ezzahra (CMAM) dressé sur la colline côtière de Sidi Bou Saïd. Il cède la scène à sa compatriote qui a embarqué le public dans escapade à Gaza via sa voix chantant une ballade en a capella. Elle enchaîne : «Je ne suis pas vraiment chanteuse. Mais j’ai voulu vous transmettre ne serait-ce qu’une part de l’émotion dominante actuellement en Palestine». Aussitôt, le public s’enflamme en criant : «Free free Palestine» à la demande d’Aymen Mghamis. Le rappeur gazaoui reprend le micro. «Je vais chanter un morceau que j’ai écrit sur mon père, un des martyrs de la guerre de 2009. C’est une chanson dédiée à tous les martyrs. Nous ne les oublierons. Et nous n’oublierons pas les otages» lance Aymen Mghamis. Le rappeur laisse son flow couler sur la ligne de basse avant de quitter la scène sous les applaudissements du public.

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Evasion via les cordes d’un gumbri

Après les performances de Hayder Hamdi des Barbaroots et du rappeur tunisien Lak3y, le musicien et chanteur marocain Reda Zine a présenté sa performance en duo avec le guitariste new-yorkais Mark Levine. «Salam Alikoum» chante l’artiste marocain en saluant les différents artistes participants issus des différents pays arabes avec un hommage aux révolutions du printemps en filigrane. C’est ainsi que Reda Zine a fait l’intro de son spectacle comme tout adepte de la musique gnawa. Aussitôt, l’évasion dans les contrées du sud du Maroc s’est faite via les cordes de du gumbri, instrument gnawa aux résonnances associant sonorités de basse et résonnance percussive. Difficile est de suivre les notes du gumbri pour le guitariste ricain Mark Levine. Le secret de la musique gnawa demeure détenue par les quelques maghrébins, maliens et guinéens disciples des maâlems, habitués aux brises de siroco du Grand Sahara et trempés dans la spiritualité des gnawis.

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yasser-shoukryL’autre artiste arabe ayant participé au concert «Sharing The Spring» est l’Egyptien Yasser Shoukry. Il a présenté un morceau intitulé «ça suffit» improvisé en clin d’œil aux tunisiens. Accompagnés par deux fillettes au backing vocal, son morceau avait un air d’une ballade pour enfant avec certains clins d’œil aux cultes vieilles chansonnettes révolutionnaires égyptiennes.

«No border, no nation» !

Le concert s’est clôturé avec la présentation de deux morceaux créés lors du workshop tenu les deux jours précédant le concert dans le cadre du 3ème meeting de Creative Commons dans la région arabe. «Manouû» [interdit, en français ; NDLR] ainsi s’intitule le premier morceau réunissant Slim Abida à la basse, Mark Levine et Kerim B à la guitare, Malek Ben Halima alias Paco à la percussion et le franc-tunisien Naiim De La Lisière faisant de son iPad un beat box et un scratcheur. Le rappeur palestinien Aymen Mghamis et les Armada Bizerta étaient en front line. De leur côté, Alia Sallemi et Yasser Shoukry ont assuré le refrain. A la surprise du public, l’artiste marocain Reda Zine a lâché son gumbri pour un couplet de ragamuffin’. «No border, no nation» clame Malex, rappeur d’Armada Bizerta. Dans le deuxième morceau chantant l’unité entre peuples arabes et revendiquant l’abolition des frontières, Lak3y, Djambo et Snapp ont rejoint les autres artistes sur scène.

 Le concert «Sharing The Spring» s’inscrit dans une démarche aspirant à produire le premier album de musique arabe sous la licence Creative Commons. L’organisation atteste que le projet réunira la crème des jeunes talentueux musiciens issus de différents pays du monde arabe. Le CD sera édité et distribué durant l’automne 2011 à travers un jeu viral sur les réseaux sociaux qui touchera la plupart des capitales arabes et les communautés en ligne. De quoi promouvoir la culture open source dans la région et booster la production en facilitant les collaborations entre artistes agréés par Creative Commons.

 

 

Thameur Mekki

Crédit photos : Mourad Ben Cheikh Ahmed

 

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