Tunisie : Impact à Tunis des Images de Persepolis

 

Les manifestations dirigées contre la diffusion, la projection de films considérés comme offensant les valeurs islamiques deviennent presque chose habituelle en Tunisie. Le weekend a été très chaud, malgré les quelques averses sporadiques qui se sont abattues sur la Tunisie. C’est que la pluie ne saurait réfréner les ardeurs de ceux qui s’estiment visés.

persepolisEncore une fois, en Tunisie, le cinéma se retrouve aux centres d’enjeux politiques et sociétaux. Même si dans le cas d’espèce, il ne s’agira pas de l’œuvre subversive d’un metteur en scène tunisien, mais d’un regard persan qui crèvera le petit écran. Persepolis est en effet un véritable pamphlet en images dirigés contre l’Iran de Khomeiny. Et quand on sait que le propre oncle de Satrapi a été pendu pour ses idées de gauche, par le régime des ayatollahs, on comprend mieux le parcours et les positions de la réalisatrice.

Persepolis a obtenu le prix du jury du Festival de Cannes 2007 et le prix du meilleur premier film ainsi que celui de la meilleure adaptation aux Césars 2008. Mais au-delà de ses qualités picturales, l’œuvre s’inscrit clairement en porte-à-faux vis-à-vis des partis politiques d’inspiration islamiques. Et on aura remarqué qu’un effort particulier a été accompli pour rendre le long-métrage accessible aux masses, puisqu’il a été traduit en arabe dialectal tunisien. Les débats qui ont suivi n’auront du reste pas peu contribué à mettre l’affaire au tout premier plan.

Sauf que le problème, c’est que la confrontation ne s’effectue pas seulement au niveau des idées. Les violences se multiplient et sont alimentées par des déclarations de parts et d’autres. On aura remarqué dans le même contexte, les événements quasi-concomitants de la faculté de Sousse, marqués par des attaques dirigées contre l’université locale, pour une sombre affaire de niqab. Or on est à quelques jours des premières élections libres et démocratiques dans l’Histoire de la Tunisie. Et certains groupes extrémistes considèrent ces élections comme un péché mortel, tandis que d’autres tentent de freiner à tout prix le processus démocratique tunisien. Des alliés objectifs, en somme, qui risquent de vicier l’atmosphère dans l’attente des élections.   

Que Persepolis, le film de Marjane Satrapi provoque autant de polémiques et de violence n’est pas vraiment une surprise, au vu de ce que le documentaire de Nadia El Fani a suscité, il y a quelques semaines. Faut-il donc donner du grain à moudre à tous ces groupuscules d’excités de tous bords, en courant des risques inconsidérés ? Ou s’agit-il de buzzer quitte à en faire payer le prix à tout un pays ?

LBC

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