Tunisie : l’OpenGov pour veiller à l’indépendance des mosquées

 

Open Mosquée est un nouveau projet OpenGov. L’idée est simple : concevoir une plateforme d’information et d’évaluation en temps réel des prêches dans les mosquées sur tout le territoire tunisien. Objectif : Des Imams indépendants et compétents.

mosquee-zitouna-290312L’idée émane d’un jeune développeur, Yamen Bousrih. Il l’avait posté sur son blog en février dernier. « Massajed.tn est une idée qui m’est venue à l’esprit et qui consiste à créer un portail qui contient un mashup faisant appel à google map et qui permet de cartographier toutes les mosquées en Tunisie.» avait-il proposé.

Depuis, la petite idée a fait son chemin. Le groupe OpenGov a mis la main à la pâte et une page sur Facebook vient d’être créée par l’équipe de Surf’n’Taste (qui a reformulé l’idée en lui donnant le nom d’Open Mosquées) afin de rassembler les intéressés et lancer concrètement ce projet. Ses initiateurs le qualifient de «solution pratique qui consiste à réunir sur un même site toutes les informations utiles sur les imams, sur les mosquées et sur ce qui se passe dedans.» Ils proposent, en ce sens, une géo-localisation des mosquées, la publication des CV des imams, des cours et événements caritatifs ainsi que la diffusion des prêches du vendredi, diffusé via live-streaming et en différé. Yamen Bousrih suggère lui, « d’écouter en différé les enregistrements des prêches passés avec possibilité de les noter et de les commenter. »

Sous ben Ali, les mosquées étaient surveillées par la police, et certains fidèles harcelés. Après son départ, elles sont devenues l’endroit privilégié des prêches politiques pour la promotion d’un islam radical. Avec #OpenMosquées, le citoyen pourra juger l’indépendance des imams et signaler ceux qui font du lieu de prière une tribune politique. D’ailleurs, rappelons-nous, durant la période pré-électorale, plusieurs imams ont été virés de force, sans aucun droit, et remplacés par des imams faisant l’apologie d’Ennahdha et appelant à voter pour. Aujourd’hui, la situation s’empire : Riadha Belhaj, porte-parole du parti Tahrir, profite de statut d’Imam pour promouvoir l’idéologie de son parti, alors que ce dernier est non reconnu en Tunisie. Et dans certaines mosquées, on n’hésite plus à vanter le courant «salafiste».

Lors d’une visite a Sfax le 24 mars, Noureddine Khademi, ministre des affaires religieuses, membre du parti Ennahdha et ancien Imam de la mosquée el Fatah de Tunis, a dénoncé, selon l’agence TAP : «la dénaturation des mosquées de leur fonction principale des mosquées » constatant un « bouleversement total des valeurs et des concepts religieux et la recrudescence de phénomènes inquiétants, dont notamment l’échange d’accusations mutuelles de mécréance ». Il avait annoncé début mars, une stratégie pour la nomination des prédicateurs des mosquées estimant que ces derniers sont des espaces qui consacrent l’unité nationale et respecte le rite malékite. Les mosquées assument un « rôle moral et culturel loin de la politique et des intérêts partisans» affirme-t-il avant de préciser que l’imam-prédicateur «doit avoir une opinion sur les affaires publiques et le mode de gouvernance dans le pays.». Paradoxe quand tu nous tiens !

 

S.B.H

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