Tunisie : Mehdi Elhamdi prêche la révolution culturelle

 

Mehdi Elhamdi, chanteur et guitariste, commence à se trouver de la place dans le paysage musical tunisien. Sa musique aux tonalités roots conserve un côté smooth manifestement exprimé dans ses paroles. Portrait.

mehdi-elhamdi-290912«Kéfois et fier de l’être», c’est ainsi que se présente Mehdi Elhamdi, que nous avons rencontré après son concert du 26 septembre. Ce jeune chanteur à la silhouette flottante dans son t-shirt et son jeans, a eu un penchant pour les lettres dès son adolescence. «A 16 ans, j’écrivais tout. Je ne savais pas ce que j’écrivais : poésie, contes, petites histoires, idées… Je ne savais pas qu’on pouvait écrire pour chanter». Depuis un peu plus d’un an, après sa rencontre avec Sofiane, un ami, il s’est mis à la guitare pour pouvoir s’accompagner au chant. Avant, il était percussionniste. «J’ai tellement adoré la guitare, ça m’a motivé à apprendre pour pouvoir en jouer et chanter en même temps».

Une bonne soixantaine de jeunes se sont entassés dans l’espace intimiste, offert par Mass’art pour ce concert. Des rythmes variés, du roots au flamenco en passant par du ska, le public apprécie et joue des mains pour accompagner cette toute nouvelle formation autour du chanteur-guitariste : basse, cajon, guitare électrique et violon. Ils se sont réunis de façon spontanée : «Jouons, jouons, ça a été aussi simple que ça. On n’a parlé ni d’argent ni de projet. C’est beau, je les adore, parce que c’est des gens qui partagent des idées».

Les textes de Mehdi tels que «Tfakart», «My baby» et «Zafzef errih» racontent des histoires ficelées autour de personnages issus de la Tunisie sombre. Comme les paroles de «Tfol sghir», cet enfant dont la mère est à l’hôpital et le père en prison, obligé de vendre des paquets de mouchoirs pour ramener de l’argent à son oncle sous peine de raclée.

«I wanna be free in my country» a-t-il également chanté… Le message que Mehdi Elhamdi veut faire passer dans ses chansons ? «Nous, les jeunes artistes, sommes en train de créer ce qu’on appelle la révolution culturelle. Ce qui s’est passé en Tunisie, ce n’était pas une révolution, c’était un gros mensonge !» lance-t-il. Et il poursuit : «Pour combattre ça une fois pour toute, il faut commencer par combattre les idées noires. Et donc, il faut s’adresser à la pensée et à la tête des Tunisiens, qu’ils sachent ce qui est bien, ce qui n’est pas bien».

Au sujet des litiges sociaux au fond religieux, il explique son point de vue : «On est tous musulmans, celui qui ne l’est pas, c’est son choix, on est tous croyants. L’histoire de ‘kafer’, c’est des concepts qu’on essaye d’imposer à la société tunisienne et qui nous viennent de l’étranger. On essaye de nous les inculquer avec un entonnoir et nous l’acceptons. Pourquoi ? Parce qu’on est habitués à être commandés par la règle. C’est pour ça qu’il faut toucher la tête des gens et faire la révolution culturelle».

A 23 ans, ce jeune artiste est également révolté par l’attitude des «grands» en place, qui croient encore au système de Ben Ali et le verrouillent sans laisser de la place aux jeunes, pour se maintenir au-devant de la scène. «Tu veux rester un artiste reconnu même en fin de carrière ? Ouvre un peu l’espace aux nouveaux pour qu’on garde toujours une bonne impression de toi !».

 

Léna C.

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