Film Fathallah TV: Récit d’un quartier paumé, de parcours de vies chahutés en Musique

Film Fathallah TV: Récit d’un quartier paumé, de parcours de vies chahutés en Musique

C’est une histoire de rues sans noms, de rues numérotées avec 4 chiffres commençant par 9, baptisées par des noms chiffrés leur enlevant toute dimension humaine. Des rues qui semblent bien délabrées pour des rues rénovées, où les chantiers s’éternisent…. Dans ce quartier, On rêve en noir et en blanc, et on nomme des places fictives, on se crée des frontières invisibles, en attendant qu’une touche de couleurs veuille bien inonder les ruelles. Le soleil y est, on baigne en plein dedans, la misère aussi…

Il fallait 10 ans et 1 révolution à la réalisatrice tuniso-belge Wided Zoghlami pour accoucher de son film documentaire “Fathallah Tv”. Un film pour lequel elle a donné de son temps, elle a pris des risques et s’est aussi impliquée sentimentalement, devenant un personnage à part entière de son long-métrage.

A travers 5 personnages attachants d’un quartier populaire de Djebel Jloud, dont 3 ont timidement percé, une histoire de la Tunisie est relatée durant l’époque délicate qui sépare la dictature et la démocratie. Tout au long du récit c’est une frustration marquée qui est projetée, une seule brèche qui sauve la mise, l’amour de l’art et le désire de création.

Synopsis du film “Fathallah TV, 10 ans et une révolution plus tard”: Trois destins de jeunes, un quartier, une décennie entre deux époques : 2007 – 2017, de la dictature à la démocratie. A travers les rues et les maisons de Djebel Jeloud, ces jeunes partagent leurs rêves et nous livrent un regard aiguisé sur le pays.
En suivant le parcours de trois musiciens et son propre parcours d’artiste, la réalisatrice pose un témoignage sur le processus de création et son impact sur la vie de chacun. Par la musique, le film se fait « porte voix » d’une génération.

Entre amertume et désolation les jeunes artistes tunisiens, rappeurs et reggaeman décrivent les conditions de vie dans les ruelles numérotées et leur rêves d’évasion. Aujourd’hui artistes confirmés de la scène underground tunisienne, TIGA, Pazaman et Halim ont bien galéré avant de se faire un nom et encore, ce nom ne suffit toujours pas pour vivre décemment “L’art ne fait pas vivre”, acclame l’un d’eux dès le début du film.

Bande Annonce Fathallah Tv :

Le tournage du film s’est étalé de 2007 à 2017. Mais Wided a pris des risques en se lançant dans ce quartier chaud de la banlieue sud où elle a effectué un tournage clandestin durant la première période. Introduite par Halim Youssfi, la jeune réalisatrice était ‘épaulée’, ce qui lui a donné une certaine “liberté de circulation” et lui a surtout permis d’échanger en toute intimité avec les jeunes de Fathallah et leurs familles.

Les échanges sont francs, très intimes, mouvementées mais aussi très réalistes. Les jeunes sont avides d’évasion, se sentent opprimés, délaissés et abusés que ce soit avant ou après ‘La Révolution’. Ce qui les fait tenir c’est la musique, c’est la Vibe. Pouvoir chanter et rapper leurs maux et leur colère dans la rue et sur scène, c’est un objectif de vie.

Wided s’implique tellement qu’elle fait partie de son film et se filme évoluant dans cette histoire et échangeant avec les personnages qui deviennent pendant un moment sa famille.  Les musiciens et personnages du film ont grandi et évolué eux aussi en une décennie en gardant cette frustration et hargne du début, néanmoins marqués d’une sagesse perceptible, imposée peut être par le poids des années.

Tiga et Paza, ont fondé le groupe “Old 9 School”, ont participé à plusieurs festivals
internationaux et ont aussi signé chacun des projets et albums avec le collectif “Debo”. Halim Yousfi a fondé le groupe “Gultrah Sound System” qui trouve un grand succès auprès du public tunisien. Le groupe s’est séparé, chacun a fait son bout de chemin et aujourd’hui il se reforme à nouveau. Vous pouvez aller voir “Old 9 School” sur scène mercredi 10 septembre à l’IFT, à l’occasion de la sortie du film “Fathallah TV, 10 ans et une révolution plus tard” dans les salles.

Sara Tanit

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