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Le savoir-faire et les artisanes de Sejnane à l’honneur lors de la 10e édition de Dream City

Le savoir-faire et les artisanes de Sejnane à l’honneur lors de la 10e édition de Dream City

Les visiteurs de la Caserne Al Attarine à la médina de Tunis, cœur battant de Dream City sont invités à découvrir l’univers des artisanes de Sejnane à travers l’exposition immersive Laâroussa Fragment qui s’inscrit dans le cadre de cette 10e édition se déroulant du 03 au 19 octobre 2025 et organisée par l’association L’Art Rue.

Cette exposition d’ampleur entraine les visiteurs dans une exploration minutieuse du patrimoine artisanal féminin de la ville de Sejnane, à Bizerte. Ce territoire est devenu, au fil du temps, le berceau de cet art ancestral de la poterie et des figurines en argile, propre à la région.

Ce savoir-faire combine gestes et esthétisme unique. Les artisanes de Sejnane, en façonnant l’argile collectée et préparée avec soin, ont fait de cette matière vivante, des créations chargées d’émotions et de récits.

C’est cette mémoire collective et héritée que ces femmes résistantes partagent, aujourd’hui, avec le public à travers le projet artistique « Laaroussa Fragment ».

Lamia Saidani, une des potières de Sejnane déclare dans ce sens : “Depuis mon plus jeune âge, j’ai été en contact avec l’argile. Je voyais les gestes de ma mère et de mes grand -mères se répétaient. A un certain moment, j’ai été initiée et je me rappelle avoir créer une barque avec de l’argile, en premier”.

“Les créations ont alimenté mon imaginaire quand j’étais enfant. Un pur bonheur ! En revanche, je n’ai pas manié le feu tôt pour les cuir”. Se remémore la potière.

Auparavant, les artistes Soufiane et Selma Ouissi ont passé beaucoup de temps à Sejnane, en immersion dans le quotidien des artisanes, observant de près les rituels de pétrissage et de modelage. Ce savoir-faire a été reconnu en 2018 par l’UNESCO comme patrimoine culturel immatériel.

Au fil du temps, les deux artistes vont au-delà de l’observation : ils se sont imprégnés par cet art, en usant de leurs mains, en travaillant sur ce rapport à la terre et à la mémoire, en passant par le geste.

À la Caserne El Attarine, l’exposition est un espace interactif vivant, véritable laboratoire de lumière, de mouvements, de son et d’images : Sejnane et ses femmes, en un parcours, parviennent à conquérir les visiteurs lambdas.

Parallèlement, le public est invité à participer à ce rituel de fabrication de poupée de Sejnane dans le cadre de Workshops programmés quotidiennement, sur inscription et gratuitement.

Sofiane Ouissi, fondateur de Dream City et metteur en scène s’est imprégné du travail des femmes de Sejnane, accompagné de Salma Ouissi. L’expérience a duré une douzaine d’années et  a abouti sur l’actuelle exposition en plus de nombreuses expositions dans les foires et les musées du monde.

Le travail dans le cadre de Dream City 2025 à Tunis se clôturera sur la scène du Rio en création scénique avec 6 interprètes femmes

Ce travail titanesque et cet engagement a favorisé la promotion de ce savoir-faire unique au monde. Sofiane Ouissi commente : « Les femmes de Sejnane ont chamboulé nos vies !

Dans le cadre de «Laaroussa Quartet », notre prochaine création à Salma Ouissi et à moi, on a tenu à transmettre au public la force du contexte, sa dureté, sa poésie : on ne peut comprendre l’univers de ces femmes dans une foire. Il faut les découvrir dans leur milieu à Sejnane.

La vidéo qu’on voit dans l’exposition et qu’on verra sur scène est une manière d’amener Sejnane au public, précise l’artiste. « Le geste artistique doit être clair pour les gens : bien plus important qu’une création sur scène, c’est la question des sociétés rêvées qui compte.

Comment faire une société aujourd’hui, dans nos différences les plus extrêmes autour d’une question unique et d’un objet commun, qui est ce savoir-faire ancestral, bien plus que la pratique technique. L’accompagnement est un travail important qui a toujours fait partie de nos parcours et de nos vies à Salma et moi. C’est un engagement total jusqu’à ce qu’on s’oublie souvent ». Souligne-t-il.

“Laaroussa” – cette poupée en argile – raconte la mémoire des femmes, leurs histoires, leurs douleurs, leurs joies silencieuses ou expressives. « Je me rappelle, quand j’étais enfant, j’exposais avec sur les routes de Sejnane, et les étrangers, de passage, se ruaient pour les acheter. Surtout, à l’époque post – coloniale, début des années soixante. Les étrangers me faisaient peur. Ils m’en achetaient à 300 ou 500 millimes, ce qui étaient considérable dans le temps ». Cite sabiha.

L’exposition ne valorise pas la poterie comme un simple patrimoine immatériel, mais comme un acte de résistance, un langage de liberté, où l’artisanat devient poésie quotidienne, et cet art manuel distingué, un mode d’expression, connu à l’échelle mondiale.

Sabiha, l’artisane poursuit, reconnaissante : « Cet art ancestral m’a valorisé toute ma vie. Je n’aurais pas pu avoir une meilleure vie sans cette poterie. C’est une bénédiction d’avoir été née potière et pour rien au monde je ne ferais jamais autre chose si j’avais eu le choix ».

Le projet prendra aussi une dimension performative à travers le spectacle chorégraphique « Laaroussa Quartet », qui sera présenté sur la scène du théâtre Rio les 16, 17, 18 et 19 octobre 2025 à 19h. Cette œuvre fusionne danse, performance, vidéo et musique live, où 4 artistes femmes incarneront, sur scène, des femmes de Sejnane.

La représentation se clôturera par un Talk le samedi 18 octobre avec les artistes et le duo Salma et Sofiane Ouissi.

Tekiano avec Dream City

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