Tunisie : Le feu de la Révolution couvait depuis 1984

 

Le feu de la Révolution couvait sous la cendre depuis 1984. Un document de la Télévision Suisse Romande semble accréditer cette thèse. Même s’il aura fallu attendre les dérives criminelles de Zaba pour que l’on assiste au soulèvement. L’émission Temps Présent a fait une incursion dans la Tunisie des émeutes du pain.

Les braises de la Révolution ne se sont pas éteintes depuis 27 ans. Le feu couvait sous la cendre depuis 1984, avant d’incendier et de brûler (une petite partie) de la gangrène qui se répandait au sommet du pouvoir. Un document d’archive de la Télévision Suisse Romande (TSR), semble en tout cas accréditer cette thèse. L’enregistrement vidéo qui a été précieusement conservé avant d’être mis en ligne, est disponible sur le site web officiel de la première chaîne de la Suisse francophone.

Il s’agit d’un reportage intitulée «Tunisie, Le couscous de la colère», effectué au sud de la Tunisie, et diffusé dans le cadre de l’émission Temps Présent. Il s’agit en l’occurrence de l’équivalent suisse d’Envoyé Spécial.

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L’émission Temps Présent décide de faire une incursion dans la Tunisie d’en bas. Celle oubliée des cartes postales, et des touristes. Celle qui a été ignorée des décennies durant par les plans d’investissement. On est en 1984, juste quelques mois après les émeutes de la faim. A l’époque, l’augmentation du prix du pain et de la farine avait mis le feu aux poudres. Les journalistes interrogent tour à tour les travailleurs issus des classes les plus pauvres afin de comprendre les causes profondes de cette insurrection.

Il en résulte que la Tunisie faisait face à l’époque, à un taux de chômage élevé, à des inégalités sociales qui se creusaient avec le démarrage de l’application des plans d’ajustement structurel, décidés par des organismes tels que le Fonds Monétaire International. On remarquera dans le reportage, que certains protagonistes, totalement démunis, concevaient déjà l’éventualité de s’ôter la vie. Une issue fatale et dramatique, pour une tentative désespérée de sortir de l’impasse socio-économique, en rejoignant la dernière demeure. Un choix qui n’a pourtant pas été mis à exécution à l’époque. Sans doute aussi parce que les tensions pouvaient en partie être résorbées par une certaine écoute, de la part de responsables politiques, à l’époque, loin d’être tous complètement pourris.

Il n’empêche. En visionnant cette vidéo, on a l’impression d’assister aux germes de la Révolution Tunisienne. L’idée de l’issue fatale, celle du suicide était déjà bien présente. Même s’il aura fallu attendre les dérives criminelles de Zaba pour que l’on assiste au passage à l’acte. Il aura fallu attendre un quart de siècle, pour qu’un marchand de légume ne mette le feu à son corps pour embraser l’intégralité du monde arabe.

Et voici que l’on vient d’apprendre que le procès de Zaba démarrera le 20 juin. Alors même que le dictateur est réfugié en terre étrangère, traditionnellement hospitalière envers des hommes de son acabit. On a retenu 93 charges contre un tyran absent. Des voix s’élèvent pour demander pourquoi les complices restés ici, continuent de respirer en liberté l’air de la Tunisie. L’Histoire serait-elle un éternel recommencement ?

 

L.B.C

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