«Je tiens à vous exprimer personnellement, Madame, toutes mes excuses, en tant que Tunisien, pour toute atteinte à votre dignité ! Je salue votre courage, tout en condamnant toute acte de discrimination ayant pour motif la couleur de la peau !», c’est par ces mots qu’a reçu le 8 octobre Mehdi Ben Gharbia, ministre des relations avec les instances constitutionnelles, la société civile et des droits de l’Homme, Sabrine Ngoy, jeune tunisienne victime de racisme en plein centre ville.
Des mesures prises prochainement par le gouvernement contre le racisme
Mr Ben Gharbia a exprimé sa solidarité ainsi que celle de l’ensemble du gouvernement d’unité nationale, envers la jeune femme en dénonçant au passage, « tout acte de discrimination à cause de la couleur de la peau d’une personne et en insistant sur le fait que l’ensemble des citoyens étaient égaux, en vertu de la constitution tunisienne et de l’Etat de droit ».
Le ministre a par ailleurs annoncé un ensemble de mesures prises prochainement par le gouvernement afin de combattre toute forme de discrimination et ce, à travers les aspects juridiques et sociaux en associant ces actes à des délits répréhensibles par la loi.
Il sera également question pour le ministère, d’organiser une journée de sensibilisation afin de dénoncer le racisme en Tunisie et rompre un tabou persistant.
Dans ce sens, un groupe ministériel vient d’être créé dans le cadre d’une stratégie de lutte nationale afin de mettre en place, des processus législatifs et institutionnels afin de lutter contre les actes discriminatoires en Tunisie.
« C’est mon droit d’être en paix dans mon pays ! »
Le témoignage de la jeune femme, publié à travers un post sur Facebook avait particulièrement indigné les internautes.
Les faits se sont déroulés le 4 octobre à l’avenue Habib Bourguiba. Au cours d’une promenade entamée avec son petit ami, Sabrine s’est faite agressée verbalement par trois énergumènes qui passaient en voiture. L’un d’eux lui a lancé une insulte sexuelle à connotation raciale.
Ne se laissant pas faire, le jeune femme lui a répondu et l’histoire a finit au poste de police du 7ème où une plainte a été déposée en bonne et due forme.
Voici le témoignage intégral de Sabrine :
« Tunis 4 octobre 2016
Je suis Sabrine NGOY, une fille Tunisienne noire.
N’ai-je pas le droit, de me promener dans les rues de mon pays, sans entendre des insultes à cause de la couleur de ma peau?
Je marche le long de l’avenue Habib BOURGUIBA avec Mon ami Youssef qui est « blanc ».
En paix, ravis de se retrouver comme d’habitude. Une voiture passe près de nous et J’entends, sans se soucier de personne, à haute voix, une insulte à connotation sexuelle parce que je suis noire.
Mon ami décide de prendre le numéro de la voiture. Ils l’insultent. De suite Youssef réagit, voyant que les policiers ne sont pas loin. Alors, ceux qui se trouvent dans la voiture,commencent à s’affoler et à nous insulter :
-Vous ne pouvez rien nous faire… »P… »… Noire , et autres insultes.
Le conducteur descend de la voiture, pas en état de conduire, agressif, à notre poursuite, prétend qu’il a quelqu’un d’influent au service de la police. Nous arrivons jusqu’aux policiers et ces derniers l’arrêtent. Ses deux amis nous rejoignent et se mettent à nous menacer:
-Si vous portez plainte, vous aurez affaire à nous !
Tous au septième, les policiers font leur boulot et je dépose ma plainte pour agression verbale raciste.
J’ai eu comme question: Pourquoi tu tiens à cette plainte ?
Ma réponse ! Pour faire court, les insultes à cause de ma couleur, je les affronte matin, après midi et soir, depuis mon plus jeune âge.
Aujourd’hui j’ai été agressée verbalement entre la grande montre de l’avenue et la statut de Habib Bourguiba, j’aurais pu me faire agressée, loin des yeux, dans une rue sombre. Je ne suis pas un cas isolée, d’autres se font, quotidiennement, agressés à cause de leur couleur. Ces gens finissent par haïr leur pays et leur histoire à cause de ces agressions, répétitives, aux yeux de tous.
donc je me demande:
-N’ai-je pas le droit, de me promener dans les rues de mon pays, sans entendre des insultes à cause de la couleur de ma peau ?
Jusqu’à quand les noirs tunisiens seront agressés partout ?
C’est mon droit d’être en paix dans mon pays , peu importe la différence.
Sabrine Ngoy».
S.B.N
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