Tunisie : Les dessous du rachat de Tunisiana par Qtel

Qtel est sorti de son silence pour démentir l’info selon laquelle Sakher El Matri les a contactés pour revendre ses parts après sa fuite. Un responsable de Qtel pense même que c’est l’Etat tunisien qui en reprendra le contrôle. Retour sur le feuilleton du rachat de Tunisiana et ses vérités cachées.

 

«On n’a eu aucun contact de la part du président de la société tunisienne (Zitouna Télécom, Sakher El Matri, ndlr) pour étudier sa participation», a-déclaré un haut responsable de Qtel à la chaine d’information Al Arabiya le 21 janvier dernier. Depuis le 2 janvier 2011, Qtel est l’actionnaire majoritaire de l’opérateur Tunisiana. «Des informations nous sont parvenues selon lesquelles la Banque Centrale de Tunisie a pris contrôle de la banque Zitouna dont Sakher détient 51%. De ce fait, Qtel ne prendra aucune mesure en attendant la formation définitive d’un gouvernement en Tunisie. Nous attendrons la décision finale concernant les propriétés de Sakher El Matri» précise le responsable de Qtel.

La société qatarie est donc sortie de son silence. Après que des medias arabes aient annoncé que Sakher El Matri seraient entré en contact avec Qtel pour leur revendre sa participation dans le capital Tunisiana.

Toujours dans sa déclaration à la chaine Al Arabeya, le responsable de Qtel estime par ailleurs que les parts de Materi dans Tunisiana (25%) seront probablement saisis par l’Etat. La maison mère de Tunisiana attendra alors que la situation se stabilise en Tunisie avant d’entrer en négociations avec notre gouvernement.

Le sort de Tunisiana se décidera dès le retour au calme

Le vendredi 21 janvier dernier, Tunisiana est sortie également de son silence pour déclarer dans un communiqué de presse que «suite aux récents commentaires dans la presse au sujet de Tunisiana, Qtel déclare être prête, dès à présent, à effectuer les changements au niveau de l’actionnariat de Tunisiana en fonction de ce que le nouveau gouvernement de Tunisie décidera. Qtel précise que tout changement au niveau de l’actionnariat de Tunisiana nécessite l’accord préalable des autorités gouvernementales de Tunisie». L’opérateur mobile privé tunisien annonce également que Qtel entamera les discussions sur ce sujet dès que le nouveau gouvernement le souhaitera.

Rappelons que Tunisiana avait deux grands opérateurs dans leur actionnariat : l’Egyptien Orascom Holding et Wataneya, détenu majoritairement par l’opérateur qatari Qtel.

Les russes : une menace pour la mafia Trabelsi/Ben Ali

L’annonce d’Orascom en octobre sur son intention de vente de sa filiale tunisienne au russe Vimpelcom a eu l’effet d’un coup de tonnerre dans le monde des télécoms en Tunisie. Le gouvernement tunisien sous Ben Ali a alors entrepris des négociations discrètes avec Qtel les incitant à racheter les parts d’Orascom avant que les Russes ne débarquent au royaume des Trabelsi et des Ben Ali.

Le gouvernement de Ben Ali a alors choisi Sakher El Matri, mari de l’une des filles du président en fuite, pour être le partenaire tunisien de cette action de rachat. Et pour cause : Sakher El Matri n’est autre que le gérant et actionnaire minoritaire de la société Princess Holding, de Mohamed Zine el Abidine Ben Ali, l’enfant de 6 ans du président déchu. 

Et pour le paiement du montant de ce rachat, «c’est la Banque de Tunisie qui a assuré cette tâche», nous a rapporté un des salariés de cette banque qui a tenu à garder l’anonymat.

Welid Naffati

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