Tunisie: Urnes électroniques pour élections serrées

Les points de vote électroniques pourraient permettre de respecter les échéances électorales. Ils représentent une solution idéale dans la mesure où ils réduiraient drastiquement le staff de supervision électoral. Adieu, donc, les vieux isoloirs et ces fatras de papiers qu’on croyait indispensables.

Depuis que la Haute Instance indépendante pour les élections a déclaré son incapacité à respecter l’échéancier proposé par le gouvernement provisoire, le débat autour du scrutin de l’Assemblée Constituante s’est envenimé. Et tous les supports médiatiques se sont mobilisés pour couvrir les péripéties de cette polémique digne d’une série B. En effet, l’équipe chapeautée par Mohamed Kamel Jendoubi réclame une marge de temps supplémentaire allant jusqu’au 16 octobre pour pouvoir boucler les menus problèmes logistiques auxquels elle doit faire face.

Parmi les difficultés rencontrées, l’instance a évoqué le recrutement d’un effectif avoisinant les 50 mille personnes. M. Yadh Ben Achour, président de la Commission de réforme politique souligne à ce propos : « il faut 6.000 agents inscripteurs, 1.500 centres d’inscription. Par la suite, on doit procéder à l’inscription des électeurs, ce qui va prendre au moins un mois, il faut également 8.000 bureaux de vote et un total de 40.000 agents scrutateurs, etc. » rapporte le site du magazine L’Express.fr. Par souci de transparence, ces agents doivent, à l’évidence, ne pas avoir d’historique politique dans les cellules du RCD, ni faire partie des quelque 67 partis nouveau-nés. Et à voir le calendrier serré des préparatifs, ce ne sera pas de la rigolade. C’est dire que nos instances sont (vraiment) sur la corde raide. Quitte à se demander si notre gouvernement transitoire a mis la charrue devant les bœufs…

Solution électronique pour problème politique

vote-electroniqueDans ce contexte, ériger des points de vote électroniques dans les circonscriptions «connectées» semble représenter une solution idéale dans la mesure où elle réduirait drastiquement le staff de supervision électoral. Adieu, donc, les vieux isoloirs et ces fatras de papiers qu’on croyait indispensables. Nos écolos diront même qu’il s’agit d’élections «vertes».

Au lieu des interminables listes de votants qu’auront à dresser les bureaux de vote disséminés ça et là dans la République pour les identifier, l’authentification de nos concitoyens sera réalisée en deux temps trois mouvements par le bais d’un capteur biométrique. L’appareil relèvera ainsi sans encombre leur empreinte digitale. La base de données numérique du Ministère de l’intérieur sera, à cet effet, mise à contribution pour assurer le processus d’affectation des électeurs aux bornes de vote électroniques. Une technique qui nous épargnera le stress, l’ennui, et les bousculades, dans ces queues qui s’étirent à l’infini devant les points électoraux. Et le dépouillement des suffrages sera du reste réalisé grâce à un simple clic. Cela va sans dire que, toutes choses étant égales par ailleurs, l’enveloppe de 20 million d’euros réservée aux différents aspects d’organisation du scrutin pourrait substantiellement chuter. Une vraie manne High-tech, en somme, à la rescousse de notre démocratie embryonnaire.

Pirater la démocratie?

Il n’empêche. Les quelques initiatives entamées en ce sens sous d’autre cieux n’ont pas été tout à fait exemptes de couacs électroniques. Les présidentielles américaines de 2000 en sont un exemple éloquent. A l’époque, le scrutin a été pour le moins controversé. George W. Bush y a supplanté son rival Al Gore de quelques voix près. Certains observateurs ont attribué la victoire de Georges Bush Jr à une fraude électorale conduisant à la disparition de 18 mille bulletins de vote à l’État de Floride, considéré alors comme le fief du candidat démocrate. Et les ordinateurs de vote ont été pour l’occasion baptisés «machine de discorde». Or un tel cafouillage ne saurait en aucun cas être admis, dans la démocratie naissante et balbutiante de la Tunisie.

Mohamed Jebri

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