Tunisie: Faillite des Publinets avant l’arrivée du printemps ?

Un propriétaire de Publinet tire la sonnette d’alarme : «On risque bien de faire faillite avant même l’arrivée du printemps». La chambre des Publinets, quant à elle, grince des dents sur la décision de M. Zaoui concernant la libération des licences bloquées et répond : «c’est une fausse bonne idée».

Dès qu’il a pris ses fonctions, M. Sami Zaoui, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Industrie et de la Technologie, chargé des technologies de la Communication a décrété un ensemble de mesures dont on retiendra notamment la levée de la censure sur plusieurs sites et protocoles (comme la VoIP) restés encore bloqués après la fuite de Ben Ali. Mais une décision du secrétaire d’Etat n’a pas fait l’unanimité. Elle a même fait grincer des dents les propriétaires des centres publics d’Internet (Publinet).

M. Zaoui a en effet annoncé la libération de toutes les demandes en instance pour l’ouverture d’un centre public d’Internet. 113 demandes de création de Publinet au total ont été signées le samedi 22 janvier dernier. Une mesure qui, selon M. Zaoui, «permettra un accès large à Internet pour les habitants de l’intérieur (du pays)».

«C’est une fausse bonne idée». C’est ainsi que M. Samir Sahnoun, président de la chambre des Publinets, a commenté la décision du secrétaire d’Etat. «Cette initiative donne l’impression qu’elle va permettre de créer encore plus d’emploi, mais on risque d’avoir le résultat inverse».

En pleine réunion avec les membres du syndicat, M. Sahnoun a toutefois tempéré sa déclaration : «Cette décision devra être accompagnée d’une condition. Il faut en effet qu’une distance minimale soit respectée entre chaque centre public d’Internet. Sinon on risque de tomber dans la concurrence anarchique et déloyale. Il faut également prendre en considération la densité géographique de la zone dans laquelle ouvre le Publinet. Si cette condition n’est pas respectée, les centaines des Publinets qui vont être créées devront bientôt fermer car leurs frais ne seront pas amortis.

Sous l’ère de Ben Ali, nous étions dans les 400 Publinets et aujourd’hui ce nombre a été réduit de moitié. Il faut être réaliste. Dans les conditions actuelles du cahier des charges, le modèle économique des Publinets n’est pas viable».

M. Sahnoun a ainsi insisté sur l’urgence de revoir le cahier de charge qui conditionne l’octroi d’une patente pour l’ouverture d’un centre public d’Internet. «Il faut nous donner plus de privilèges. Il faut qu’on ait le droit de vendre des produits et offrir des services qui pourront réconcilier le Tunisien avec les Publinets qu’ils ont déserté au profit des salons de thé».

Le président de la chambre des Publinets a avoué qu’il a eu des contacts avec le secrétaire d’Etat chargé des technologies de la Communication et qu’il lui a présenté les demandes urgentes des propriétaires des centres publics d’Internet.

«M. Zaoui devra prendre en considération ces demandes si on ne veut pas qu’on mette la clé sous la porte dans les prochains mois. Et avec le ralentissement de l’économie de ces jours-ci, on risque bien de faire faillite avant même l’arrivée du printemps», s’inquiète un autre propriétaire de Publinet.

Welid Naffati

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