Tunisie : Mezed, la surenchère à l’international

Le principe c’est de combiner «enchères en ligne, jeu de stratégie et e-commerce traditionnel. Un modèle qui fait des étincelles jusqu’en Amérique… dans un flou juridique.

Mezed.com est un site d’enchères tunisien lancé en 2007. Son principe est spécial: il faut payer pour pouvoir renchérir. Le site fonctionne sur un schéma en apparence simple: des objets sont mis en ligne à des prix souvent très bas. Pour pouvoir les acheter à ces prix-là, il faut remporter les enchères, qui, elles, sont payantes. Appelée ici «Bid», chaque enchère coute 400 millimes payables au site via SMS ou carte bancaire.


Tunisie : Mezed, la surenchère à l’international

Le bon côté de Mezed, c’est qu’on peut acheter des produits à des prix largement inférieurs à leur valeur réelle, comme une Sony PSP à …26,500 dinars. Le revers de la médaille, c’est que parfois, les «bids» que vous aurez payés à chaque fois 400 millimes pour renchérir peuvent vous amener, dans le feu de l’action, à payer un prix global supérieur à la valeur de l’objet convoité. Seulement pour chaque produit, il n’existe qu’un seul gagnant. Conséquence directe : un bon nombre d’autres personnes qui ont misés, payés et n’auront au final rien remporté. La déception des enchérisseurs aigris a provoqué une vague d’accusations contre Mezed sur plusieurs forums ou blogs.


Tunisie : Mezed, la surenchère à l’international

Or le modèle de Mezed.com n’est pas controversé qu’en Tunisie. Le site fonctionne sur le même principe, de l’aveu même de ses dirigeants sur leur blog, que le site allemand Swoopo.com. Et cette startup déjà implantée dans plusieurs pays européens (Allemagne, Angleterre, Espagne, Autriche) et au Canada, vient de s’attaquer au marché américain. Dans un article paru sur le NewYork Times, le fondateur de Swoopo, Gunnar Piening explique que le principe c’est de combiner «enchères en ligne, jeu d’intelligence et de stratégie et e-commerce traditionnel. Nous essayons de rendre à l’acte d’achat son coté fun et excitant». Ce n’est pas du tout l’avis de Glen Whitney, mathématicien et «quantitative analyst» au fond «Renaissance Technologie» qui déclare que «Sauf si vous avez un avantage sur les autres personnes qui enchérissent, vous ne devriez pas le faire».

Ce genre de modèles pose un problème juridique aux Etats-Unis, où il se trouve dans une sorte de «zone grise» de la loi. N’étant pas tout à fait un site de pari ni tout à fait un site d’enchère traditionnel et encore moins un site de e-commerce classique, il ne peut être mis dans l’une ou l’autre des catégories. Un flou qui pourra pousser à une modification de la loi américaine. Or la même question pourrait aussi se poser en Tunisie où les jeux de hasards sont des monopoles d’Etat. Mais si Mezed.com n’est pas un jeu de hasard, il s’inscrit sous la législation et la réglementation tunisienne du commerce électronique de la loi n°2000-83 du 09 Août 2000, telle que mentionné dans ses conditions générales.

Malgré les critiques et les légers soucis d’ordre juridiques, le modèle de Swoopo et de Mezed semble en vogue. Déjà en Décembre 2008, et selon StartupArabia, Mezed.com s’est attaqué au marché italien par l’intermédiaire de BidBloom.com ce qui est une belle réussite pour la startup tunisienne derrière ce projet, LaRéference SARL.

Pour Swoopo et en plus de son ouverture sur le marché américain, ils ont réussi à lever 10 Millions de dollars en 2009 auprès de August Capital, une VC de la Silicon Valley. A coté de cela, des clones de Swoopo existent et promettent à quiconque de pouvoir lancer son propre site.

Le bien nommé swoopoclone.com, une société basé en Angleterre ou Digitalfruit.ee basée en Estonie, vous promet de pouvoir lancer votre propre clone de Mezed. Ils déclarent fournir la solution technique et un service d’assistance.

De quoi donner des idées à des personnes qui seraient intéressées par le modèle et qui ne voudraient pas perdre trop de temps en développement… sous réserve de s’assurer de la fiabilité de ces sites.

Mehdi Lamloum

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