Google ne buzz pas en Tunisie

Les Tunisiens généralement accros des réseaux sociaux et nombreux à utiliser Gmail ont pourtant réservé un accueil plutôt mitigé à Google Buzz. Pis : il arrive même que le buzz vire à la série noire. Le premier échec de Google ?

Google Buzz est un nouveau service lancé par la firme de Mountain View pour piétiner les platebandes de Facebook et de twitter. Le géant américain a voulu faire de son service de messagerie Gmail bien plus qu’une simple interface de webmail. Le but ultime étant de lancer un réseau social estampillé Google. Les Tunisiens généralement accros des réseaux sociaux et nombreux à utiliser Gmail lui ont pourtant réservé un accueil plutôt mitigé.

Son fonctionnement est pourtant semblable à celui de Facebook et même à celui de twitter. Mais le système made in Moutain View est accommodé à la sauce Gmail. Sur Google Buzz, toute personne ayant une adresse Gmail pourra publier un lien vers un site, ou décrire ses états d’âme/son activité du moment ou sa pensée. Les autres “buzzeurs” pourront commenter en laissant un message ou le noter par “J’aime”. Google Buzz partage également avec twitter quelques détails comme le fait de s’abonner aux flux d’un client Gmail sans attendre sa validation.

Google Buzz serait-il un “twitter/facebook like” ? Sur quelques fonctionnalités oui. Mais sur d’autres non. Comme par exemple, il est possible de partager un buzz par courriel en l’envoyant à une ou plusieurs adresses mail.

La goutte qui a fait déborder le buzz

Les premières 24 heures de Google Buzz ont été tumultueuses. Et pour cause : Google Buzz ne préserve pas les données personnelles et bombarde la boite de réception des usagers avec des mails de notifications. La blogueuse tunisienne Moon’s Girl déclare ainsi «après moins de 24h je décide de désactiver Google Buzz». Vraiment déçue, l’internaute a consacré un post à la question et aligne les arguments massue contre le dernier gadget de Google. «En plus de s’insérer dans nos boites mail avec un décompte de ‘’non-lus’’ qui nous culpabilise un peu si on ne les vérifie pas, Buzz nous envoie des notifications par mail à chaque fois que quelqu’un commente un de nos statuts ou un des statuts qu’on a nous même commentés» écrit-elle sur son blog. Pour enfoncer le clou elle note : «Notre Google omniscient a pour le coup oublié une petite fonctionnalité qui aurait interessée plus d’un c’est le “désactiver les notifications Buzz par mail” ». C’est la goutte d’eau qui a fait déborder le buzz.

La nouvelle arme de Google ?

Sur le forum Marhba, la confidentialité de Google Buzz a également été épinglée : «Il porte sérieusement atteinte à la vie privée. Il accède à votre carnet d’adresse et active les adresses gmail pour vous y abonner» lit-on sur la réponse d’un membre de la communauté. « Tous vos contacts ont automatiquement accès à la totalité de votre carnet d’adresse. (…)Je ne vous cache pas que je tiens encore à ma “VIE PRIVEE” à laquelle la majorité des réseaux sociaux portent atteinte». Un membre du forum Tunitech ne prendra pas de gants pour écrire carrément : «Buzz, la nouvelle arme de google pour fouiller encore plus dans la vie privée des gens».

Cette atteinte de la vie privée Google pourra la payer très cher. La firme de Mountain View a du reste fini par obtempérer pour tenir compte des exigences des internautes d’ici et d’ailleurs. Le moteur de recherche (faut-il rappeler que c’est sa première spécialité) s’est empressé d’apporter quelques modifications sur son Buzz en déconfiture. La notification par mail a fini par être supprimée. L’option «ne pas rendre public les contacts de son carnet d’adresse» est désormais activée par défaut.

Mais le mal est fait. Difficile de ramener la première vague d’internautes déçus à de meilleurs sentiments. La première impression étant toujours la bonne, surtout quand elle est mauvaise ! Et il arrive même que le buzz vire à la série noire. Un centre de recherche américain sur la vie privée et la protection des libertés vient en effet de déposer une plainte contre Google à propos de son outil de réseau social Buzz. L’EPIC (Electronic Privacy Information Center) trouve que les modifications sont insuffisantes et que Google a violé la confiance de ses utilisateurs. Il y a donc bien peu de chance de voir un million de tunisiens quitter en masse Facebook pour aller buzzer ailleurs.

Welid Naffati

Print Friendly, PDF & Email

Plus :  Net



  • Envoyer