Tunisie : Fondation Capsa pour Gafsa d’après Ben Ali

La révolte du bassin minier de Gafsa a fait vaciller le régime de Ben Ali. Gafsa, ville frondeuse, a une longue tradition séculaire de résistance acharnée. Et voici que Nassim Miloud, un tuniso-français compte se pencher sur la terre de ses origines, pour renouer avec son glorieux passé. Interview.

Souvent délaissée, ravagée par les guerres, la ville de Gafsa (anciennement appelée Capsa) est connue pour son glorieux passé historique, dont les origines remonteraient même jusqu’à la préhistoire. Ne s’avouant jamais vaincus, les habitants de cette ville aux origines berbères, réputés pour leur courage et leur ténacité, ont toujours eu à affronter à travers des siècles et des siècles, un ennemi colonisateur toujours plus redoutable depuis l’époque de la domination romaine et plus récemment, sous l’ancien régime de Ben Ali.  On ne peut qu’évoquer la révolte du bassin minier de Gafsa, en proie à de graves troubles sociaux économiques, malgré le fait que cette ville contienne l’un des plus importants gisements de phosphate au monde. Nous nous sommes entretenus avec Nassim Miloud, un jeune cadre français d’origine tunisienne qui s’est fixé, (à l’orée d’un 14 janvier bien mérité) comme objectif de redorer le blason de Gafsa. Un projet qui lui tient particulièrement à cœur, puisqu’il s’agit de la ville dont sont originaires ses parents. Comment ? En créant un projet dont le but est de participer à la relance de la vie culturelle et économique de la région. Interview. 

capsa2311Tekiano : Présente nous les grandes lignes de ton projet et ses principaux objectifs

Nassim Miloud : « La Fondation Capsa»  que je coordonne actuellement, a pour vocation d’encourager les initiatives visant à préserver l’histoire et la mémoire de la ville Gafsa. On pourra par exemple compléter sa frise chronologique, organiser des fouilles archéologiques etc.
Gafsa a énormément de potentiel. Mais malheureusement, il n’est pas exploité à sa juste valeur. Je tiens également à préciser que l’angle historique vient de l’idée d’Alain Invernon, un passionné spécialisé dans le domaine de la géomatique qui a débloqué pas mal d’archives provenant de la Bibliothèque nationale française sur Gafsa  comme les origines de la ville, des documents relatant des découvertes archéologiques datées de 1856…

Pourquoi Gafsa précisément ?

Tout simplement parce que c’est la ville d’où sous originaires mes parents qui émigrèrent plus tard en France. Surtout qu’il y a de cela 10 ans, j’ai voulu organiser un rapprochement entre l’université de Gafsa et celle de Mulhouse. Mais cette action a fini par être avortée par le gouvernement de l’époque ! Depuis à chaque fois que j’y repense, ca me travaille. Qui plus est,  avec le vent de changement qui a soufflé sur la Tunisie, je me suis dit que c’était le moment d’agir.

Quels sont les objectifs de la Fondation Capsa ?

Il s’agit  en fait d’une démarche philanthropique qui va s’effectuer sur plusieurs étapes.
Il sera question tout d’abord d’attribuer des bourses d’étude tout en proposant, en parallèle, des sujets de recherche qui tourneront bien évidemment autours de la ville de Capsa. Ces rapports seront validés par une commission pédagogique universitaire.

Il est entre autres prévu de renforcer le programme de jumelage international entre les écoles et les universités. Enfin, un site web propre à l’histoire de Gafsa sera proposé afin de recueillir le maximum d’informations (bibliothèque numérique, articles de presse…).

Cette initiative peut être une vitrine patrimoniale par excellence pour la Tunisie. L’attrait historique du projet peut sérieusement booster le tourisme tunisien et attirer les chercheurs du monde entier.

Et concernant les fonds, comment comptes-tu procéder ?

Réunir des fonds ne constitue guère de problème pour moi. Le fait est que je possède une certaine expérience de part mon implication dans pas mal d’associations universitaires dans le passé. Mécènes, organismes nationaux, internationaux… je sais précisément à qui m’adresser  pour lever des fonds en un temps imparti. Mais l’investissement ne sera pas uniquement financier car avant toute chose, c’est d’idées dont ont a le plus besoin, de cerveaux et de communiquants ! J’essaie donc de constituer un noyau dur cristallisant un ensemble de compétences, réunissant chercheurs, intellectuels, médias etc. qui souhaitent vraiment faire quelque chose pour cette ville.  Par exemple, je suis en contact permanent avec tout un réseau de Tunisiens vivants aussi bien en France, qu’au Canada et bien sur, en Tunisie.

Envisage-tu pas hasard d’avoir recours à une quelconque aide politique ?

Sûrement pas ! Cette fondation sera avant tout autonome. Le paysage politique ne m’intéresse pas du tout car si  mon projet aboutit, c’est surtout pour le bien de la Tunisie car je trouve franchement qu’il est tout à fait normal de vouloir passer à un moment de sa vie, à une phase d’altruisme.

Propos recueillis par Samy Ben Naceur

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