Littérature de Tunisie : téléchargement en cours !

 

A l’étranger les livres tunisiens ne sont presque pas disponibles. Leur numérisation et leur mise en ligne peuvent leur donner un rayonnement sans précédent, la Révolution ayant suscité l’intérêt du monde entier. La participation tunisienne au Salon du Livre de Paris en témoigne. De notre envoyé spécial à Paris, Thameur Mekki.

«Excusez-moi mais où est-ce qu’on peut trouver les livres tunisiens en temps normal?» me demande une des visiteurs du stand tunisien au Salon du Livre de Paris. «Il n’y a pas de titres disponible sur internet ou en e-book?» alterne-t-elle. La numérisation est l’une des huit thématiques principales du dernier Salon du Livre de Paris tenu du 18 au 21 mars. Des dizaines de conférences ont porté sur ce sujet. Même le logo de cet évènement fait un clin d’œil à la culture numérique avec cette barre de téléchargement en bas du livre. La Tunisie y a été représentée par un stand régi par l’Union des Editeurs Tunisiens et appuyé par l’Institut Français de Coopération à Tunis. Environ 340 titres tunisiens ont été exposés lors du Salon du Livre de Paris. Le bémol ? La littérature tunisienne est difficile à trouver en dehors de ce genre de manifestations.

La Révolution cartonne, mais…

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La modeste participation tunisienne au Salon du Livre de Paris s’est créée sa propre thématique à savoir la Révolution Tunisienne. Et il semble que cela a marché. Les best-sellers du stand tunisien portaient tous sur la Révolution. «Ben Ali le ripou» de Béchir Turki, «La Révolution des Braves» de Mohamed Kilani (auteur et grande figure du Parti Socialiste de Gauche), «Quand le peuple réussit là où toute la société a échoué» de Boujemaa Remili (auteur et militant du Parti Ettajdid) et «Goulag et démocratie» de Mohamed Talbi ont attiré l’engouement des visiteurs du stand tunisien. Mais la première place du podium des best-sellers a été prise par «Habib Bourguiba, le bon grain et l’ivraie» œuvre de l’actuel premier ministre tunisien Béji Caïd Sebsi. Les livres des éditions Elyzad ont également connu un franc succès. C’est ce que nous a confirmé Mme Lilia Kharrat, conservatrice de bibliothèque à Nabeul veillant sur les ventes au stand tunisien lors du Salon du Livre de Paris. Dommage que les visiteurs du stand exprimant leurs désirs de se procurer les livres tunisiens en dehors de ce genre de manifestation n’ont, généralement, pas cette possibilité. Cette présence ponctuelle ne permet pas à notre littérature de rayonner comme l’aurait désiré ses férus et ses professionnels.

Malaise et ambitions

Les éditeurs tunisiens ont un long chemin à faire, notamment, en matière de numérisation des livres. Mohamed Salah Maalej, Président de l’Union des Editeurs Tunisiens, nous en parle : «La numérisation des livres en Tunisie est un énorme projet. Nous, éditeurs, n’avons pas les moyens pour une telle opération surtout sans le soutien du Ministère de la Culture, celui de l’Education, la Bibliothèque nationale et autres instances concernés». Au moment où la Tunisie connecté a été, en partie, à l’origine de l’effervescence de la Révolution,  sa négligence se présente comme une erreur stratégique à rectifier. M. Maalej en est conscient. «De notre côté, on fera en sorte que ça se fasse très prochainement vu que les jeunes tunisiens tendent plus vers le numérique que vers le papier» nous confie-t-il. Et il semble que cette prise de conscience ne date pas d’aujourd’hui. Une action est prévue. «Le Ministère de la Culture prépare tout un programme. En tant qu’éditeurs, nous sommes très contents de cela. On va finalement se mettre à la page. C’est un programme qui a été antérieurement concocté. Et il vient d’être relancé. Il semble même qu’un grand budget sera consacré à l’opération» déclare le Président de l’Union des Editeurs Tunisiens. M. Maalej et ses collègues se montrent ambitieux. «Le programme du Ministère se limite à la numérisation des livres. Mais nous aspirons à plus que ça. Nous ambitionnons d’adapter les livres aux applications pour les tablettes tactiles à l’instar de l’iPad» relève notre interlocuteur.

Il y a une semaine que Cérès Editions a lancé sa librairie en ligne. A travers cette initiative, la maison d’édition «vise essentiellement à faciliter l’accès aux livres et d’exporter les publications tunisiennes qui sont ainsi pour la première fois disponibles dans le monde entier». Et voilà que la culture ayant vécu un grand délabrement sous le règne Ben Ali commence à se faire des ailes. Il est temps que le livre tunisien ne se contente pas de faire la chronique de la révolution. Il est temps qu’il fasse la sienne.

 

Thameur Mekki

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