Les mille et une nuits de Tunisie Télécom

 

g-tt-140Une succession de grèves et de sit-in, deux PDG remerciés et un en «stand by», 63 employés contractuels licenciés… ensuite «pardonnés» et une réunion du conseil d’administration reportée à deux reprises ! Devrait-t-on nommer M.Béji Caied Sebsi à la tête de Tunisie Télécom pour rétablir l’ordre ?

On a étrangement assisté à la fuite de ZABA et de sa bien-aimée, aux tirs des snipers, aux saccages des milices, à leurs arrestations, à la capture des Trabelsi et des parents de Ben Ali. On a également assisté à la chute de deux gouvernements.  Deux premiers ministres ont défilé. Deux sit-in à La Kasbah et des dizaines de manifestations au centre ville. L’Egypte a réussi sa Révolution en chassant son président. La Lybie s’est rebellée contre son clown qui lui servait de président. L’Algérie, le Yémen, Bahreïn, Oman ont vécu des soupçons de révolutions.

Et pendant tout ce temps, Tunisie télécom sombre toujours dans une crise infernale. Une succession de grèves et de sit-in, deux PDG remerciés et un en «stand by», 63 employés contractuels licenciés… ensuite «pardonnés» … puis «écartés»… et une réunion du conseil d’administration tant attendue, reportée à deux reprises ! Devrait-t-on nommer M.Béji Caied Sebsi à la tête de Tunisie Télécom pour rétablir l’ordre ?

Les protestations des employés de TT ont commencé la semaine du départ de Ben Ali, demandant la démission du PDG, Montassar Ouali, qui a fini par fléchir le 31 janvier, cédant sa place à M. Raouf Chkir. L’arrivée de ce dernier a concordé avec l’apparition d’un document interne qui divulgue les salaires du top management de la société. Des salaires qui allaient de 4000 dinars à 26000 dinars.

Les employés, jugeant cette rémunération ahurissante et abusive, se sont lancés dans une deuxième vague de contestation, réclamant le licenciement des dirigeants contractuels qui figuraient sur la «maudite» liste.  Le syndicat remporte le deuxième «round» avec la signature du nouveau PDG (sans l’approbation du conseil d’administration) du fameux PV du 9 février 2011 qui appelle à renvoyer les managers en question. Cette signature a mis M. Raouf Chkir dans une pénible situation : d’un côté, il devait affronter le ministère des télécoms et le syndicat. Les deux parties lui mettaient en effet la pression pour qu’il applique les termes de l’accord. De l’autre, M. Chkir a dû faire face à son conseil d’administration qui n’a pas approuvé la signature du PV. Entre les deux, le PDG a choisi la démission pour fuir cet embarras. Il a été rapidement remplacé par M. Ali Ghodhbani.

Suite à cette nomination par le Ministre de l’Industrie et de la Technologie, une réunion extraordinaire du conseil d’administration a été programmée à cet effet pour le 28 février 2011 afin de finaliser la cooptation du nouveau PDG. Or, selon le communiqué de l’opérateur historique, les représentants émiratis étaient dans l’impossibilité d’assister à la réunion, en raison des événements survenus à Tunis la veille du rendez-vous. Et c’est ainsi qu’une nouvelle date a été proposée pour la tenue du conseil, à savoir ; le 2 mars 2011, et qui n’a pas vu le jour pour l’absence des administrateurs représentant le partenaire stratégique de TT ! Chose que pourraient confirmer les rumeurs sur le fait que les Emiratis étaient hostiles à la nomination de M. Ali Ghodhbani.

Pourvu que cette fois, la fameuse réunion puisse se dérouler ce 9 mars comme annoncé, et que l’affaire du PDG et des contractuels, soit résolue une fois pour toute. Ainsi, on pourrait assister à une reprise effective de l’activité de Tunisie Télécom à travers des offres & services exceptionnels pour effacer, de la mémoire de sa clientèle et de ses propres annales, ces jours ténébreux de l’opérateur historique.

Hamza Bouallègue

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