Déchets pneumatiques : un réel problème environnemental en Tunisie

 

Dans la collecte et le recyclage des pneus usagés, ne baisse pas les bras. Mercredi, elle organise une conférence de presse pour alerter l’opinion publique sur le problème du recyclage des pneus usagés sous le thème «Pneus usagés : un problème environnemental toujours non solutionné en Tunisie ! ».

zied-jomaa-201212EcoPneu a démarré ses actvités en 2009, à Sidi El Heni, près de Sousse. Son directeur général, Zied Jomaa, explique : «La société est spécialisée dans la collecte et le recyclage des pneus usagés, dans le but de valoriser les déchets transformés en matière première pour les réutiliser sous forme de déchiquetas, de granulats et de poudrettes dans des applications industrielles telles que la construction des implantations sportives et des aires de jeux, l’industrie des pièces techniques en caoutchouc, les travaux publics, l’isolation phonique, etc. A partir de ces déchets pneumatiques, les processus mis en place permettent de récupérer trois composantes essentielles et valorisables qui sont le caoutchouc, le textile et l’acier.»

Contestant l’absence d’un cadre légal et financier pour ce secteur, M. Jomaa explique «La Tunisie importe 75% des pneus de l’Algérie et de la Libye et paye 200 millions de dinars depuis 2000, alors qu’il y a des sociétés innovatrices dans ce secteur en Tunisie. EcoPneu est en situation de risque depuis sa création. Pour dépasser cette situation nous avons réalisé une étude complète sur le sujet allant même jusqu’à proposer des textes de lois. Aucun ministère n’a répondu à ce jour. Nous proposons la mise en place d’une ”écotaxe” sur le pneu produit ou importé. L’équivalent de cette taxe serait reversé intégralement aux recycleurs de pneus pour les soutenir financièrement dans leurs actions de collecte et de valorisation des déchets».

hosni-jaidane-201212Hosni Jaidane, directeur général adjoint d’EcoPneu nous parle des principaux problèmes de ce secteur dont l’absence d’une filière de recyclage de pneu et le cadre légal. «Actuellement la loi en rigueur en Tunisie nous interdit d’exporter l’acier que nous récupérons du recyclage des pneus alors qu’il n’intéresse aucune fonderie en Tunisie. Le produit importé bénéficie d’une exonération de TVA alors que la taxe est de 18% sur le produit local. Nous sommes entrain de payer le coût d’être les leaders. D’autres problèmes également se rajoutent également tel que le manque à gagner annuel de 300.000 euros, par exemple, lorsqu’EcoPneu, pénalisé par un cadre légal inadéquat, ne peut exporter l’acier récupéré du recyclage des pneus usagés sur des marchés en demande.». M. Jaidane évoque également «une concurrence déloyale imposée par l’Etat qui préfère l’Europe pour acheter le caoutchouc utilisé dans le remplissage des gazons synthétiques alors que le caoutchouc recyclé d’EcoPneu serait plus adéquat».

hend-chaouech-201212La célèbre pilote de rallye tunisienne, Hend Chaouch, était présente pour soutenir cette cause en signalant qu’«il faut essayer de sauver le secteur en créant des sociétés écologiques qui pourraient réviser le secteur, la pollution environnementale et visuelle.» et d’ajouter «Au rallye, nous jetons beaucoup de pneus car nous n’avons pas les matières pour les transporter. Il faut tirer la sonnette d’alarme. Il faut que le consommateur tunisien soit un éco-responsable. Je suggère de payer des vignettes pour faciliter les collectes des pneus et lancer une campagne de sensibilisation même dans les écoles contre le jet des pneus. Le complexe d’importation de l’Europe doit cesser. ». Expert en environnement et la sécurité industrielle, Nouri Ben Yahya affirme que «Les pneus sont une source de pollution visuelle associée à des risques d’incendie qui ont des impacts sur l’air et la pollution des nappes».

Une situation considérée alarmante de la part des spécialistes du domaine et qui a déjà entraîné la fermeture de deux usines de recyclage de pneus à Sfax et à Bouarada, mettant au chômage une cinquantaine d’employés. M. Maher Triki, ancien chef d’entreprise de recyclage de pneus à Sfax déclare «Nous avons une contrainte au niveau de la législation en comparaison avec l’Europe». Il pointe du doigt le problème financier «Nous avons démarré avec notre propre technique local à Sfax sans aucune subvention de l’état et j’ai dû mal a reprendre depuis janvier 2011.»

Mohamed Hafsi, lui aussi est un ancien chef d’entreprise de recyclage de pneu à Bouarada, reflète sa grande déception de constater l’échec de ces projets «le recyclage s’est développé depuis une trentaine d’années et il s’agit d’une nécessité pour le développement durable. Ce secteur crée 50 millions de postes d’emploi en chine. L’absence d’une politique environnementale en Tunisie est un grand obstacle. J’ai investi 4 millions de dinars mais à nos jours l’usine n’a pas encore fonctionné.»

Cadre technique principal à L’Agence Nationale de Gestion des Déchets, Mme Amal Guinoubi, a intervenu pour éclaircir la position de l’ANGED (Agence Nationale de Gestion des Déchets) : «Depuis 2005 nous avons préparé la première étude de plan de gestion de recyclage des pneus pour évaluer la situation en proposant un taxe sur les vingnettes des voitures, nous avons passé ce décret. Il y a d’autres problèmes qui ne sont pas uniquement environnementaux.»

«Nous sommes confiants dans le fait que le gouvernement nous écoutera et mettra rapidement en place tout un cadre légal et financier qui permettra de développer cette filière de valorisation des déchets pneumatiques, de créer des emplois, de nouvelles opportunités d’affaires et de favoriser l’entrée de nouvelles devises en Tunisie».conclut Hosni Jaidane.

 

Chaima Bsibes

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